< Retour à la liste des articles 15 octobre 2015

Quand le bon goût est synonyme de bon sens

Coopérative de solidarité ÉTABLI

Alexandre couture

Au moment où les Québécois s’intéressent de plus en plus à la déco, certains passionnés se sont donné la mission de proposer des produits québécois originaux par l’entremise d’une expérience d’achat local. Une vingtaine de designers et de fabricants d’ici unissent leurs forces pour offrir un mobilier résidentiel accessible et durable.

Regard sur la coopérative ÉTABLI
Dans son bureau du pavillon de design de l’UQAM, André Desrosiers carbure aux nouveaux défis. Le professeur de design industriel fait partie des membres fondateurs d’ÉTABLI, une coopérative qui tente de faire son chemin entre les géants du mobilier. «Nous offrons au grand public la possibilité d’acheter directement chez les fabricants locaux ce qui permet une production adaptée à leur besoin, un large éventail de finis et un service personnalisé», explique d’emblée le directeur général de l’organisation.

Par l’intermédiaire du site web de la coop, les clients peuvent parcourir un vaste choix de meubles, tous disponibles dans des succursales locales. «Lorsque vous achetez un produit, vous transigez directement avec un membre fabricant, pas avec la coopérative, clarifie M. Desrosiers. ÉTABLI ne tire aucun profit sur la vente nette du meuble, mais bien sur un pourcentage des ventes à la fin de l’année. » Ces membres fabricants sont situés dans plusieurs régions à travers le Québec (par exemple, Kastella à Montréal).

Au moment de choisir le plan d’affaires de la future compagnie, le modèle coopératif est ressorti du lot. «En plus du côté démocratique où chaque membre est égal à un vote, la structure coopérative répondait à tous nos besoins et aspirations pour le futur», ajoute-t-il. La structure minimaliste de la jeune compagnie permet aussi de sauver des coûts; les membres n’ont pas à se payer un bureau d’affaires ni d’employés pour faire leur comptabilité et leur promotion, ils se partagent les tâches à l’interne.

Fondée en 2014, l’organisation avait comme but premier de mettre en commun les talents, les ressources et l’expérience des membres pour donner un coup de pouce au marché québécois. «En réalisant une étude sur les opportunités du design du mobilier extérieur, on a vu que peu de manufacturiers de meubles survivent au Québec. On a perdu 40% des emplois dans ce domaine depuis 10 ans », déplore M. Desrosiers.

Un marché difficile
Dominé par les géants tels que Brault & Martineau et IKEA, le marché des meubles dans la Belle Province offre bien peu de place aux fournisseurs/ fabricants locaux. «Nous ne pouvons rivaliser avec ces multinationales qui font fabriquer leurs produits dans des pays en voie de développement, ajoute le directeur général. Nous préférons nous concentrer sur une clientèle qui partage nos valeurs.» Plus aisés financièrement et intéressés au design, les clients de la coopérative ÉTABLI recherchent des produits durables et de qualité.

Loin d’être hautain, le président tient à clarifier qu’il ne juge pas du tout le grand public qui préfère des meubles de moins bonne qualité à plus petit coût. «Nous ne sommes pas là pour critiquer les choix des autres, précise-t-il. Par contre, on peut dire sans se tromper que c’est représentatif de la société dans laquelle nous vivons, tout est éphémère et a une durée de vie limitée. » Une philosophie qui est diamétralement à l’inverse des valeurs du développement durable.

Questionné sur l’avenir de la COOP ÉTABLI, M. Desrosiers aborde la question avec un mélange d’humilité et de réalisme. «Nous ne pouvons pas prédire comment le marché se développera, nous ne pouvons qu’observer et nous adapter, explique-t-il. Une seule chose est certaine, nous ne sommes pas là pour devenir riches, mais bien pour servir de vitrine commune entre les designers, les artisans et le public québécois.» 

Coopérative de solidarité ÉTABLI

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