Félix Delage-Laurin
Après le grand succès de l’Année internationale des coopératives, où, pour la première fois, les coopératives du monde entier se sont réunies et ont affiché leur fierté, tous concevaient qu’il ne fallait pas laisser le momentum s’essouffler. Les acquis de cette Année internationale ne devaient pas être abandonnés. Au terme de cette année faste, l’Alliance coopérative internationale (ACI) s’est tournée vers l’avenir et a déposé en novembre 2012 son Plan d’action pour une Décennie coopérative. Car la fin de l’Année internationale des coopératives n’est que le tremplin qui catapultera le modèle coopératif vers les plus hauts sommets.
« J’étais à Manchester en novembre 2012 lors du lancement du Plan d’action. Les gens ont très bien réagi à ce Plan, qui se veut un guide indiquant les priorités du mouvement coopératif d’ici 2020 », raconte Donna Balkan, responsable des communications à l’Association des coopératives du Canada.
L’objectif du « Défi 2020 » est qu’au terme de la présente décennie, les coopératives soient considérées comme un modèle d’affaire croissant et important. « Plusieurs dirigeants de coopératives en ont soupé qu’on considère les coopératives comme une alternative. Le mot alternative inclut qu’il y a toujours autre chose à côté. Le Plan d’action, ce n’est pas une alternative, mais une solution », explique Donna Balkan.
Cinq défis mondiaux
Le Plan s’articule autour de cinq grandes priorités, soit la participation, le développement durable, l’identité, le capital et les cadres légaux. Des thèmes qui rejoignent tout le monde coopératif, selon Donna Balkan. « Mondialement, le monde coopératif fait face aux mêmes grands défis. Je suis vraiment contente de voir que l’ACI a identifié ceux-ci comme les cinq plus grands. »
Primo, il faut élever à un niveau supérieur la participation au niveau de l’adhésion et de la gouvernance. « Toutes les coopératives doivent mettre la main à la tâche, même si la façon de le faire variera en fonction de la taille de chacune d’elle. En tant qu’organisation nationale (Association des coopératives du Canada), il faut communiquer aux coopératives comment stimuler la participation et l’engagement de nouveaux membres. À l’heure actuelle, nous créons un portail web qui permet d’identifier et de diffuser les meilleures pratiques en gouvernance. Cela permet aux autres coops de savoir quelles sont les meilleures pratiques », explique Donna Balkan.
Deuzio, le Plan d’action insiste sur le fait qu’il faut rappeler que les coopératives sont les architectes du développement durable et qu’il faut continuer de les positionner comme telles. « Dans les concours organisés pour honorer les entreprises les plus durables au Canada, ce sont toujours des coopératives qui gagnent. Il faut continuer dans cette voie. Nous avons des vrais leaders dans ce domaine, comme par exemple The Cooperators (coopérative d’assurances canadienne) ou Mountain Equipment Coop », précise Donna Balkan.
Tertio, il faut créer le message coopératif et protéger l’identité coopérative. Donna Balkan est interpellée par ceci. « Ce printemps, j’ai fait des recherches indiquant que parmi les 50 plus grandes coopératives canadiennes, seulement six utilisent le sigle.coop. 21 des 50 affichent les 7 principes coopératifs sur leur site web. Plusieurs coopératives ne pensent pas que c’est avantageux de s’afficher en tant que coopérative. Il faut que les gens en soient fiers et le Plan d’action propose de s’attaquer à cette réalité. »
Au terme de cette année faste, l’Alliance coopérative internationale (ACI) s’est tournée vers l’avenir et a déposé en novembre 2012 son Plan d’action pour une Décennie coopérative.
Quarto, le Plan d’action veut garantir des cadres légaux favorisant la croissance des coopératives. Selon Donna Balkan, c’est particulièrement important au Canada. « Au pays, nous avons plusieurs lois différentes. Certaines coopératives sont régies par la loi fédérale alors que d’autres sont régies par des lois provinciales. Il y a un défi législatif et un défi de lobbying qui nous attend afin que les politiciens comprennent la nécessité de financer les projets de coopératives. »
Finalement, le Plan veut établir un capital coopératif fiable tout en garantissant le contrôle exercé par les membres. « Le plus gros défi des coopératives est toujours le capital. Avant tout, une coopérative doit être rentable. Puis, pour se développer, il faut encore de l’argent. Les coopératives doivent chercher d’autres moyens de trouver des fonds. Au Québec, un fonds est prévu à cet effet grâce à Desjardins, mais ça n’existe pas ailleurs au Canada. Nous prévoyons en créer un et nous espérons que ce sera lancé d’ici l’an prochain », raconte l’optimiste Donna Balkan.
En 2020, « on espère avoir les résultats. Je suis optimiste. Ça donne une direction claire. Ce sont nos priorités », conclut la gestionnaire de communications à l’Association des coopératives du Canada.
Avec ce Plan d’action pour une Décennie coopérative, le monde coopératif se positionne ainsi comme un acteur-clé du développement économique de demain.