< Retour à la liste des articles 15 octobre 2012

Mountain equipment Cq-op (MEC) : Un défi à sa taille

Véronique Chagnon

Mountain Equipment Co-op a accueilli, en 2011, son 3 200 000e membre. C’est près de 10 % de la population du Canada, ou l’équivalent de la population totale du Panama, qui est maintenant membre de la plus grande coopérative au pays.

« Mountain Equipment Co-op respecte les principes coopératifs à plusieurs égards, notamment en favorisant le pouvoir démocratique exercé par ses membres. […] Nous facilitons leur participation en assurant la promotion de l’élection par l’entremise de différents canaux de communication en plus de leur offrir plusieurs façons d’enregistrer leur vote, soit par Internet, par téléphone ou en magasin.

Les règles de coopération constituent un autre exemple du pouvoir démocratique exercé, alors que les règlements de la coopérative ne peuvent être modifiés que par l’adoption de résolutions spéciales. Seules les résolutions spéciales approuvées à plus de 75 % par les membres dans le cadre d’une élection sont adoptées. […] En somme, la contribution des membres est vitale pour la bonne gouvernance au sein de la coopérative. »

– Diana Stephenson, directrice de la gouvernance, Mountain Equipment Co op

La coopérative que les habitués surnomment MEC est, sans mauvais jeu de mots, la Mecque de l’équipement de plein air au Canada. Le royaume de la pagaie et du sac à dos. Six amateurs d’escalade las de devoir s’approvisionner à des prix prohibitifs dans les magasins de la Colombie-Britannique ont lancé, il y a 40 ans, celle qui allait devenir un joueur majeur de l’industrie du plein air afin d’offrir aux amants de la nature du matériel à prix raisonnable.

MEC a bien grandi depuis, et doit aujourd’hui relever un défi de taille. Les membres ne votent plus, et leur implication dans les affaires de la coopérative s’effrite. Lors des élections de 2011, seulement 0,8 % des 3,2 millions de membres ont exercé leur droit de vote. Mais comment mobiliser une base dispersée à travers le Canada et devenue aussi populeuse qu’un petit pays?

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est nature-1.png.Les membres du conseil d’administration ont cru bon d’engager, en
2010, la première directrice de la gouvernance. Diana Stephenson s’est
installée dans son bureau du siège social à Vancouver avec entre autres
le mandat de donner un nouveau souffle à la participation anémique des
membres aux élections du conseil. « Dans une perspective coopérative, il
est crucial non seulement de mener les affaires de l’entreprise, mais de le faire en accomplissant les principes de la coopération, c’est fondamental », rappelle celle qui prend la participation démocratique très au sérieux.

MEC déploie de nombreux efforts pour s’assurer d’offrir à ses membres des moyens simples de participer à la vie de leur coopérative. Depuis 2007, les membres peuvent notamment soumettre et voter en ligne, sur le site Internet de la coopérative, les résolutions qui seront présentées au conseil d’administration. Avec l’assemblée générale d’avril 2012 dans la mire, l’équipe de MEC prépare le site Internet afin qu’il accueille la retransmission en direct du rassemblement tenu à Vancouver, chaque année. « La technologie nous aide vraiment à entrer en contact avec nos membres là où ils sont le plus à l’aise », constate Diana Stephenson.

Mais la partie est loin d’être gagnée. En 2007, l’équipe avait tenté de mobiliser les membres en diffusant l’assemblée générale dans les magasins. Comme très peu de gens se sont présentés, MEC a décidé de ne pas reconduire l’expérience en raison des coûts engendrés.

« La faible participation n’est une surprise pour personne. En général, on constate une baisse de l’engagement du public dans nos démocraties », souligne Diana Stephenson. Patrick Tremblay, directeur pour la région du Québec, renchérit : « C’est un de nos plus grands défis, surtout comme coopérative de consommateurs. Pour nos membres, on est avant tout un grand magasin de jouets. » Il cite en exemple un sondage mené auprès des membres, il y a quelques années. « On voulait savoir ce qui amenait les gens chez MEC, et le fait que ce soit une coopérative ne faisait même pas le top 10 », se souvient celui qui a longtemps été gérant du magasin de Montréal.

Mais pour l’équipe de MEC, il existe d’autres indicateurs que les taux de participation à l’élection pour mesurer l’engagement des membres envers la coopérative. D’après le dernier sondage effectué auprès d’une poignée de membres actifs, le taux de satisfaction atteint les 97 %. Pour Karen Miner, membre du conseil d’administration depuis 2009, ce très haut taux de satisfaction permet aux dirigeants de la coopérative de conserver une légitimité certaine, malgré le faible taux de participation aux élections. « On travaille constamment pour offrir aux membres les produits et services dont ils ont besoin et on prend leur pouls fréquemment. Je pense que les chiffres montrent qu’on fait bien notre travail. »

MEC installe aussi des boîtes de commentaires et de suggestions dans ses magasins. « Ce n’est pas un système unique aux coopératives, mais comme MEC est une coopérative, les gens communiquent avec nous davantage, et encore plus au Québec qu’ailleurs au pays », avance Patrick Tremblay. À preuve, il souligne que les boîtes à suggestions du Québec contiennent en moyenne 35 % de commentaires de plus que les boîtes du reste du Canada.

Ce mode de participation peut sembler banal, mais Patrick Tremblay insiste sur son importance. « Chaque fois qu’un membre nous écrit, on lui répond. Je dirais, tout en restant conservateur, que dans 50 % des cas, le commentaire mène à une discussion qui changera quelque chose en magasin. Et ça va du manque de place dans le stationnement à Longueuil à la dimension d’un capuchon sur un manteau! »

www.mec.ca

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