Jean Soublière
Mot du directeur général
Eh oui, on a du coeur !
Personne n’est indifférent devant le drame des communautés qui subissent fermetures et/ou délocalisations appréhendées d’entreprises.
Nous comprenons tous les conséquences terribles de tels événements. Individuellement, nous éprouvons toutefois un sentiment d’impuissance face à ces drames. Fort heureusement, nous sommes de plus en plus nombreux à penser qu’ils ne sont pas tous inévitables. Et, compte tenu du nombre d’entreprises appelées à changer de mains dans un avenir rapproché, c’est bien qu’il en soit ainsi.
Il fut un temps où nous réagissions après coup. Quand les dommages étaient irréparables… Époque révolue ? Peut-être bien ! Un regroupement d’organismes ont en effet lancés, à l’occasion de la Semaine de la coopération 2022, une campagne d’information et de mobilisation en faveur du repreneuriat collectif comme solution privilégiée au besoin de relève entrepreneuriale au Québec.
Fier de participer à cette campagne, Coopoint présente dans ses pages et sur le Web des profils de coopératives qui illustrent clairement comment, en matière de reprises d’entreprises, nous sommes passés de l’aval en amont des défis et difficultés en place.
À la une de notre magazine, le cas de Promo Plastik, une coopérative de travail qui a repris les activités d’impression d’articles promotionnels d’une entreprise de Saint-Jean-Port-Joli. À lire aussi, celui d’Edgar inc. dont le président, Mathieu Foltz, a eu l’idée d’encourager la formation d’une coopérative de travail pour que cette PME poursuive ses activités.
Coopoint a le plaisir de vous offrir aussi des portraits de coops qui représentent des cas concrets de reprise collective, soit CN2i (Les Coops de l’information), la station radiophonique CJAN, l’Épicerie Bizz et une franchise de la bannière St-Hubert. Ces quatre cas nous rappellent que la coopération a développé la capacité de sortir des entreprises de la faillite ou d’éviter leur fermeture lorsque le droit au travail et à l’information est en cause, et ce, dans toutes les régions du Québec.
D’autres portraits en ces pages – le camping Chambord, Les Bouquinistes et un Marché Richelieu de l’ouest de l’île de Montréal – révèlent que les coopérateurs se présentent comme de bons repreneurs collectifs, en prenant appui sur les rapports et liens d’usage avec l’entreprise. Et que dire de Central Café, l’histoire d’un entrepreneur individuel qui, avant de passer à la retraite, transmet le relais à ses travailleurs en prenant la peine d’organiser une coopérative de solidarité. Ne manquez pas non plus notre chronique historique, qui nous parle de l’imprimerie Harpel en rappelant le rôle joué par un entrepreneur social du siècle dernier dans l’une des premières coopératives de travail du Québec.
Enfin, notre rédacteur en chef a produit pour vous un dossier complet qui présente et explique toutes les facettes de la reprise collective d’entreprise. Il en évoque les facteurs facilitants, comme celui de la démographie en passant par les avantages de la formule coop, les facteurs de succès externe, les sources de financement et l’intérêt renouvelé de la coopérative de travailleurs actionnaires comme instrument de reprise et de participation des travailleurs.
Mais d’où nous vient le pouvoir de changer les choses et cette motivation contagieuse de vouloir transformer le monde « une reprise » à la fois ? Dans les milieux de l’économie sociale, nous aimons penser que cela prend racine dans nos valeurs et procède de notre quête d’idéal sociétal et de démocratie économique.
Les valeurs coopératives sont en effet de puissantes sources de motivation. Et voilà que, à l’encontre de l’omniprésence de l’individualisme dans nos sociétés, et au-delà des règles d’action propres à chaque secteur coopératif, nous assistons à un véritable rassemblement autour de valeurs communes.
À la lecture des textes publiés dans ce numéro de Coopoint, vous conviendrez sans aucun doute que le repreneuriat collectif est une affaire de coeur.
Crédit photo mise à l’avant : https://unsplash.com/photos/C7B-ExXpOIE