< Retour à la liste des articles 15 octobre 2014

Le Crédit agricole lance un Village de l’innovation en plein cœur de Paris

André Bélanger

McDonald’s ouvre un bureau à San Francisco au cœur de la Silicon Valley, où elle entend recruter des talents, mais surtout, débusquer les startups qui lui permettront d’innover dans le monde numérique. L’Oréal Paris envoie ses cadres dirigeants en stage auprès d’agences de stratégie numérique afin d’accélérer la transformation numérique du groupe. Kraft propose un programme appelé Mobile Futures qui met en relation les grandes marques de Kraft avec des entreprises en démarrage prometteuses.

Les grandes entreprises ne savent plus où donner de la tête pour s’ajuster à nos sociétés qui embrassent les nouveaux services numériques à une vitesse fulgurante. Partenaires et clients abandonnent le livre papier, les journaux, la musique sur CD, la télévision, le cinéma, provoquant un tsunami numérique qui bouleverse toutes les industries. Des géants grassement financés viennent se substituer aux acteurs en place, tels le nouveau Über.com, l’ennemi juré des compagnies de taxis, qui vient de lever 1,7 milliards $ en financement.

Les organisations doivent s’adapter, se transformer… et vite! Et certaines grandes coopératives se tournent vers ceux et celles qui sont au cœur des innovations numériques, les startups. C’est le cas de la grande coo- pérative financière française, le Crédit agricole, qui a lancé en juin le Village by CA, un incubateur de startups et d’innovations en plein centre du quartier des affaires de Paris.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est marsella.png.Portrait d’une initiative remarquable

« Le Village a pour objectif de s’ouvrir, de s’exposer et de s’acculturer, explique en entrevue Fabrice Marsella, responsable du Village by CA. Ouvert à tous et à toutes les influences, il nous permet d’exposer notre savoir-faire et il doit permettre aux salariés du Crédit agricole de pouvoir s’acculturer à ce monde qui change très vite, notamment au travers de l’innovation. » 

Fort de ses 4900 m2 (52700 pi2), soit presque la grandeur d’un terrain de football américain, cet immeuble, propriété du Crédit agricole, a été entièrement rénové. Il offre une salle d’exposition au rez-de-chaussée et consacre la moitié de ses espaces à une pépinière de startups.

« Ce qu’on essaie de mettre en place, c’est un écosystème qui a pour objectif de permettre le développement de ces jeunes startups et surtout leur mise en réseau avec les caisses régionales et avec nos partenaires », dit-il. Le projet, qui doit s’autofinancer, s’appuie sur des partenaires qui contribuent à l’écosystème par le biais d’une contribution à la reconstruction et de l’apport d’expertises aux startups. « Philipps par exemple met à disposition de l’ensemble de l’immeuble tout l’éclairage, le dernier cri de l’éclairage, un éclairage innovant, à LED à faible consommation qui va se régler avec des capteurs en fonction de la luminosité interne et externe », explique celui qui porte le titre de « maire » du Village. 

Cette idée de village est née du succès du projet CA Store, une plateforme sécurisée qui permet aux clients de Crédit agricole d’échanger avec une communauté de développeurs.

Cet espace de co-création destiné à imaginer les applications mobiles de demain a amené le Crédit agricole à s’intéresser à l’innovation ouverte ou distribuée (open innovation), qui postule qu’il est plus efficace et rapide pour innover de s’ouvrir au travail collaboratif que de se baser sur sa propre recherche.

« À partir du moment où on disait qu’on était dans le monde de l’open innovation, il nous fallait aussi, nous banquiers, nous ouvrir au monde extérieur, de là le projet du Village by CA», explique M. Marsella.

Un Village qui répond à des objectifs stratégiques

L’engouement pour le projet ne se dément pas. Plus de 450 startups ont répondu à l’appel jusqu’à présent, 150 ont été invitées à présenter leur profil et 43 s’y sont déjà installées depuis l’ouverture en juin dernier.

Ces startups sont choisies de manière à être représentatives des secteurs sur lesquels le CA a de forts enjeux, soit le monde de la santé et du vieillissement, de l’énergie et de l’environnement, de l’agriculture et de l’agro-alimentaire, et du logement.

« Il s’agit de secteurs où nous sommes déjà leaders ou dont nous souhaitons le devenir à l’avenir, dit-il. Accompagner les leaders de demain, c’est une façon pour nous d’être présent, du moins correctement, sur ces secteurs-là. » Et cet accompagnement permet aussi aux financiers du Crédit agricole de s’ajuster aux mutations numériques en cours. « Il est important que les conseillers et l’ensemble des salariés acquièrent la culture du numérique et qu’ils s’inscrivent dans cette démarche d’acculturation, qu’ils comprennent les nouveaux comportements, les nouveaux modèles, les innovations, précise-t-il. Cela nous aidera à imaginer les bons outils de financement de ces entreprises, qui ne sont pas des outils traditionnels. »

Un projet à portée régionale

Les 39 caisses régionales de la Fédération du Crédit agricole sont aussi au cœur du projet. « On veut donner à nos startups un accès à l’ensemble du territoire, dit M. Marsella. Déjà, nous accueillons à Paris des jeunes entreprises qui sont poussées par nos caisses régionales et inversement, nous sommes en train de travailler avec nos caisses régionales sur quel serait le concept du village dans la caisse régionale. »

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est maison-coop.png.Quelle est la place pour la création d’entreprises coopératives innovantes dans le modèle?

« Pour moi, ça a toute sa place dans le modèle que propose le village aujourd’hui », répond-t-il.

 

 

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