< Retour à la liste des articles 15 octobre 2013

S’unir pour l’amour de la culture

Coopérative de services artistiques Les Faux-Monnayeurs

Félix Delage-Laurin

Cofondée en 2002 par l’artiste Tomas Jensen, la Coopérative de services artistiques Les Faux-Monnayeurs est une coopérative de producteurs qui offre des services de gérance, de booking et de production de spectacles aux artistes qui en font partie. Ce sont aujourd’hui quelque douze membres producteurs, dont les groupes Sagapoool (ex-groupe Manouche), Les Tireux d’Roches, Mille Monarques et les artistes Guillaume Arsenault, Henri Godon et Francis d’Octobre, qui prennent part à l’aventure coopérative des Faux-Monnayeurs.

C’est un désir d’assurer une gestion financière plus simple de son groupe de musiciens qui est à la base de la création d’une coopérative de producteurs. « Quand on recevait des chèques pour nos concerts et qu’on vendait des disques, on n’avait pas d’organisation pour gérer tout ça. Je devais faire les chèques à mon nom. Ce n’était pas très pratique », explique Tomas Jensen. L’entité indépendante qu’était la coopérative permettait de gérer tous ces détails plus facilement.

Par contre, il n’était pas aisé à l’époque de créer une coopérative de producteurs au niveau culturel, souligne Jensen. « C’était une exception. La plupart des entreprises culturelles étaient soit des entreprises privées ou des OSBL. Sinon, les quelques coopératives culturelles étaient des coopératives de travail, dont les objectifs ne sont pas les mêmes qu’une coopérative de producteurs. Quand on a créé la coopérative, il n’y avait pas vraiment de subventions parce qu’on ne cadrait pas vraiment. On n’était pas officiellement un organisme sans but lucratif, mais pas non plus une entreprise privée. On a dû beaucoup négocier avec la SODEC (Société de développement des entreprises culturelles) pour faire coordonner les différents programmes de subventions à la coopérative de producteurs. »

Entre les diverses possibilités d’organisations, c’est aussi le caractère démocratique du modèle coopératif qui a séduit Tomas Jensen et les quatre autres membres du groupe. « On fonctionnait déjà de façon démocratique et on voulait quelque chose qui corresponde à cela. Pour nous, c’était important que le un membre, un vote puisse fonctionner. Et qu’éventuellement, on puisse générer certains profits. »

S’ouvrir

Durant les premières années, Jensen a le sentiment que la coopérative est « particulière » et quelque peu repliée sur elle- même. En effet, seuls les membres du groupe de Jensen en sont les utilisateurs. En 2005, il désire donner la chance à d’autres artistes de pouvoir profiter eux aussi des avantages du modèle coopératif, d’autant plus qu’il pressent que le groupe va se disloquer. L’idée d’une coopérative ouverte davantage à sa communauté, qui n’est pas sans évoquer le septième principe coopératif, s’accentue définitivement lorsque Jensen entreprend sa collaboration avec Jean-François Guindon, gérant d’artistes expérimenté et créatif. « Jean-François cherchait une structure qui existait déjà pour les groupes qu’il gérait. Les autres membres de mon groupe ont trouvé géniale l’idée d’une ouverture. On n’avait pas fondé la coopérative pour ça à la base, mais quelque part, elle était destinée à ça. »

Il regrette même avoir attendu trois ans avant de faire bénéficier les autres artistes des avantages du modèle coopératif. « Avec le recul, j’aurais dynamisé plus vite notre coop. Je pense qu’on a pris trop de temps pour voir tout ce qu’on pouvait en faire. À l’époque, il y avait un mouvement et beaucoup de bands dans notre style. La coop aurait pu permettre de stimuler davantage ce mouvement là. »

Aujourd’hui, Jensen croit que c’est une plus grande transparence dans le fonctionnement interne et un plus grand contrôle de chacun qui devrait convaincre les artistes de se joindre à une coopérative comme Les Faux-Monnayeurs. « Comme membre, tu peux changer les règles. Les artistes ont le contrôle total de comment la coop fonctionne », argue l’artiste de 43 ans, qui me regarde droit dans les yeux, affirmant du même coup que si c’était à refaire, il le referait sans hésiter.

Coopérative de services artistiques Les Faux-Monnayeurs
Coopérative de producteurs

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