< Retour à la liste des articles 15 octobre 2015

Se forger une réputation éco-responsable

Atelier de développement territorial L’Enclume

Alexandre Couture

Rencontrée en 2013 par le magazine COOPOINT, la coopérative de travail L’Enclume a fait bien du chemin depuis ses premiers balbutiements dans les Hautes-Laurentides. Malgré la forte compétition dans le domaine de l’aménagement, l’équipe réussit à se démarquer par la qualité de son travail et sa conscience socio-environnementale.

Portrait d’une jeune coopérative dynamique, vouée au développement territorial responsable
Situés sur l’avenue de Gaspé dans le quartier grouillant du Mile-End, les bureaux de L’Enclume sont partagés avec trois jeunes entreprises collectives. «C’est un milieu où les idées foisonnent, c’est représentatif de ce qui se passe actuellement avec l’économie sociale», amorce le président, Karl Dorais Kinkaid. Force est d’admettre que la coopérative de développement territorial est motivée par cet environnement de travail et, depuis deux ans, elle accumule les projets urbains et régionaux.

Fondée par quatre amis d’enfance en 2011, L’Enclume a comme mission d’élaborer et mener à terme des projets de développement et de mise en valeur du territoire en collaboration avec les communautés concernées. Quant au choix du modèle coopératif, le président est catégorique : c’était un choix logique. «C’était un modèle qui venait nous chercher, particulièrement en raison des valeurs véhiculées, explique-t-il. Notre vision de l’aménagement passe par la coopération avec les différents acteurs de développement, tout ça était très cohérent pour nous.»

C’est justement cette conscience sociale qui permet à L’Enclume de se différencier des autres compagnies d’aménagement. «L’implication de la population est très importante pour nous, poursuit le vice-président, Christophe-Hubert Joncas. On est conscients que les enjeux en aménagement sont complexes, d’où le besoin d’amener une pluralité de visions dans un projet. » De plus, l’équipe n’hésite pas à consulter des experts externes, que ce soit des historiens ou des anthropologues, pour bien comprendre les subtilités d’un territoire donné.

Notre vision de l’aménagement passe par la coopération avec les différents acteurs de développement

Des projets variés

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est enclume.png.Lors de la dernière entrevue donnée au COOPOINT, le président M. Dorais Kinkaid disait vouloir percer davantage le milieu urbain, un souhait qui s’est réalisé. L’équipe de L’Enclume vient tout juste de terminer une large recherche historique ayant comme sujet un des endroits emblématiques de Montréal, le Parc Lafontaine. « Nous venons de déposer nos résultats à un comité de travail qui les utilisera pour produire un énoncé de valeur patrimoniale, enchaîne-t-il. C’était une occasion en or pour nous de travailler dans un milieu exceptionnellement intéressant par son histoire et sa symbolique.»

En parallèle, la coopérative de travail est toujours aussi active en région où elle poursuit plusieurs mandats. Tout dernièrement, l’équipe travaillait sur une stratégie de mise en valeur récréotouristique pour quatre municipalités de la Vallée-de-la-Gatineau en Outaouais. « Notre mission est de proposer des plans d’action concrets pour revitaliser un endroit qui connaît d’importants changements, en particulier avec l’industrie forestière, explique M. Joncas. Il y a un gros volet de travail sur le terrain avec beaucoup de considérations environnementales.» Un projet qui n’est pas étranger au côté multi- disciplinaire de L’Enclume, qui est maintenant tout aussi à l’aise à travailler dans le pôle urbain que rural.

Une compétition féroce

Si l’atelier de développement territorial tire son épingle du jeu par sa polyvalence et sa créativité, la compétition pour obtenir des contrats reste ardue. « Dans les appels d’offres publics, le plus bas soumissionnaire l’emporte souvent, peu importe la qualité du projet, déplore M. Dorais Kinkaid. Notre taux de succès est moins grand, car ne pouvons pas toujours rivaliser sur l’aspect monétaire, malgré de bonnes idées. » L’Enclume obtient la plupart de ses contrats lors des appels d’offres sur invitation où trois entreprises sont en compétition pour un client. « En nous invitant, nous savons que le client a déjà une bonne idée du service que nous pourrions lui apporter, ce qui nous facilite la tâche », ajoute le vice-président, M. Joncas.

Notre mission est de proposer des plans d’action concrets pour
revitaliser un endroit qui connaît d’importants changements, en particulier avec l’industrie forestière

Est-ce que le fait d’être étiquetée comme une coop joue en faveur de L’Enclume pour obtenir de nouveaux mandats?

Est-ce que le fait d’être étiquetée comme une coop joue en faveur de L’Enclume pour obtenir de nouveaux mandats? « Je ne dirais pas que c’est un argument de vente, mais cela nous ajoute une certaine plus-value sociale qui a déjà fait pencher la balance en notre faveur dans le passé », continue-t-il. À l’opposé, les deux membres interrogés sont persuadés que leur «jeunesse » peut jouer en leur défaveur dans certaines situations. «Quand l’expérience est un critère pour le client, notre coopérative « verte » en sort perdante à l’occasion, indépendamment du service que nous offrons », prétend M. Joncas.

Le futur de la coop

En constante progression, l’Enclume refuse de se fixer des objectifs financiers pour les prochaines années, mais tient mordicus à continuer de développer la coopérative. « Tout en gardant une petite structure, nous aimerions agrandir l’équipe et peut-être travailler sur nos propres projets », imagine le vice-président. Selon lui, l’important est avant tout de ne jamais stagner à un certain niveau.

Il semble clair que l’équipe de L’Enclume est ambitieuse, mais aussi consciente de l’importance du modèle coopératif. À plusieurs reprises pendant l’entretien, les deux hommes ont réitéré leur fierté de faire partie d’une coopérative et de participer au développement de l’économie sociale. « Une coop n’est pas quelque chose que nous pouvons vendre, dont nous pouvons nous débarrasser. Une coopérative c’est avant tout un projet», conclut le président, Karl Dorais Kinkaid.

Des mots très justes qui résument à la perfection l’essence même du mouvement coopératif, des gens qui se regroupent pour le bien commun de la société sans avoir en tête la quête perpétuelle de profits.

Coopérative de développement territorial L’Enclume

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