< Retour à la liste des articles 12 septembre 2019

L’intercoopération gagnerait à être davantage connue

Naomie Gelper

L’intercoopération gagnerait à être davantage connue. C’est le constat issu du débat tenu sur ce thème le 18 juin, à la Maison de la coopération de Montréal.

Les panélistes, tous issus du milieu coopératif, étaient unanimes à ce sujet lors de ce débat-conférence organisé par Coopoint et la Coopérative du développement régional du Québec (CDRQ),qui tenait son son assemblée générale le même jour.

L’intercoopération, pour le directeur général de la coopérative de solidarité WebTV, Cyrille Wenceslas Yeni, c’est avant tout un partenariat entre coopératives. « Ce sont les échanges de services, de biens ou encore de produits entre les coops », illustre-t-il.

Selon le co-fondateur du Tiers lieu, un espace de travail collaboratif qui a ouvert ses portes il y a deux ans à Laval, Jonathan Falardeau, l’intercoopération va de paire avec le choix du modèle coopératif. « C’est une question d’éthique », pense-t-il. Bien que chacun s’entend pour dire que l’intercoopération est l’expression de la solidarité, une des valeurs principales du monde de la coopération, cela reste un modèle peu exploré.

Formule méconnue

Il serait bien de promouvoir le principe d’intercoopération et de faire connaître davantage ces échanges entre les coopératives, soutient la directrice générale de la Maison des Amériques, une coopérative de solidarité en pré-démarrage, Angela Sierra. « C’est quelque chose dont on ne parle pas beaucoup, exprime-t-elle. Lorsqu’on est en démarrage d’affaire, c’est un modèle qui n’est pas mis de l’avant lors des formations ».

Bien que ce soit le sixième principe coopératif universel, la directrice de la CDRQ, Nada Elkouzi, consent que l’intercoopération peut parfois être méconnue. « Dans les formations qu’on donne à la CDRQ, on explique ce concept d’intercoopération, mais c’est peut-être un principe qui est ensuite mal repris dans le quotidien », avance-t-elle.

À son avis, si les premiers coopérants qui choisissent le modèle coopératif sont aussi convaincus et informés sur celui-ci, la formation ne se transférera pas nécessairement à ceux qui viennent après. « C’est en partie notre travail [à la CDRQ], mais c’est aussi la responsabilité de la coopérative elle-même d’instaurer ça à l’interne », explique Mme Elkouzi.

Le directeur général de la Fédération des Coopératives d’Habitation Intermunicipale Du Montréal Métropolitain (FECHIMM), Marcel Pedneault, est d’accord avec madame Elkouzi. « Il faut toujours revenir sur les principes de base, même pour les plus anciens », affirme-t-il.

Comment instituer cet automatisme ?

Pour Jonathan Falardeau, les gens du milieu coopératif ont tout de même des réflexes individuels qui font qu’ils n’iront pas toujours naturellement vers les autres coopératives pour faire affaire. « Bien que la coopérative de solidarité WebTV existe, souvent les gens vont aller vers YouTube », illustre-t-il.

« WebTV a dû expliquer souvent pourquoi les autres coops devraient diffuser leurs vidéos sur notre plateforme plutôt que sur Youtube, explique Cyrille Wenceslas Yeni. Ce réflexe ne peut être instituée que par la formation ».

À la FECHIMM, Marcel Pedneault assure qu’il fait souvent affaire avec des coopératives ou des entreprises d’économie sociale lorsque c’est possible. « J’ai plus confiance en les coopératives, explique-t-il. On sait qu’il y a un conseil d’administration et il y a des liens qui s’établissent, car on a les mêmes valeurs ».

Par contre, dans certains domaines, comme celui de la construction, elles sont inexistantes. « Il n’y a pas de coopératives dans ce secteur, parce que le modèle coopératif demeure quand même un modèle d’affaire inconnu, souligne Nada Elkouzi. Lorsqu’on va suivre des formations en entrepreneuriat, on parle très peu de cette option. »

Bien que les panélistes notent une évolution dans l’intérêt porté au modèle coopératif, ils s’entendent pour dire qu’il faut le faire connaître davantage, notamment à travers la diffusion d’exemple de cas à succès.

« Tant que les coops ne seront pas perçues ou enseignées de la même façon que les autres modèles d’affaires, l’intercoopérativisme prendra du retard », insiste Angela Sierra. Il faut donc unir les ressources et en faire la promotion.

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