< Retour à la liste des articles 15 octobre 2016

L’agriculture de précision: une opportunité saisie par La Coop fédérée

Anne-Gabrielle Ducharme

Le meilleur ami du producteur agricole est maintenant son téléphone Androïd. Il peut y consulter des données sur la performance de ses sols et moduler leur gestion en conséquence. Ce phénomène porte le nom d’agriculture de précision. La Coop fédérée, plus grande entreprise agroalimentaire au Québec, a compris son importance et déploie activement une stratégie pour diffuser son utilisation.

Le constat de départ de l’agriculture de précision : les terres agricoles ne forment pas un tout homogène. En effet, certaines franges ont besoin de plus d’engrais, d’autres de davantage de semences, etc.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est sebastien-leveille.png.Le vice-président exécutif agricole de La Coop fédérée, Sébastien Léveillé, l’explique ainsi : « Les outils de précision ont la capacité de découper en fines particules les terrains d’agriculture. Cela permet de travailler en fonction des besoins de chaque segment d’un champ, allouant aux producteurs des rendements optimaux, décrit-il. Le tout, grâce à la numérisation agraire ».

L’offre de La fédérée

C’est dans le but d’allouer ces rendements optimaux au plus grand nombre que La Coop fédérée fournit et facilite l’accès à des instruments pour pratiquer « l’agriculture du futur. »

« Notre programme s’articule autour de la prise d’images par satellite », explique l’agronome et conseiller spécialisé en agriculture de précision et en agroenvironnement à La Coop fédérée, Hicham Bencharki. Ces images permettent l’élaboration de cartes, où sont indiquées les zones plus productives, et les zones qui au contraire, semblent affectées par une piètre condition des sols, un mauvais entretien, ou même, par une infestation d’insectes.

« Grâce à des données, cumulées sur plusieurs années lorsque possible, on crée des zones de gestion, aussi appelées zones de rendement. L’agriculteur a ainsi la possibilité de pratiquer ce que l’on appelle l’application d’intrants à taux variable », élabore Bencharki. Ces intrants, ce sont tant des engrais que des semences ou des activateurs ou retardateurs de croissance. Leur taux variable, c’est leur répartition plus ou moins grande selon les besoins observés.

Or, tous les producteurs ne sont pas adeptes des nouvelles technologies et fins connaisseurs de ce domaine en pleine ébullition. « On veut donc offrir les services les plus simples et accessibles possibles. Notre plateforme web est conviviale, mettant à disposition des informations interprétées et intelligibles », indique Léveillé. « On assure un proche suivi auprès des utilisateurs afin qu’ils se sentent encadrés », ajoute son collègue.

Ces nouveaux outils sont également pertinents pour les agronomes oeuvrant au sein de coopératives cha- peautées par La fédérée, responsables de conseiller les producteurs dans leur gestion de parcelle. « La communication peut se faire plus facilement, et les agronomes peuvent prendre des décisions plus éclairées », pointe le spécialiste en agroenvironnement.

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Images de cartes par satélite d’un champ où les zones de rendement sont affichées.

Des bénéfices à portée multiple

Des avantages économiques découlent de l’adoption de l’agriculture de précision. Il est par exemple possible d’éviter, grâce à une surveillance par drone, des infestations d’insectes pouvant ruiner une partie ou l’entièreté d’une récolte. Elle permet aussi d’améliorer la rentabilité des cultures: cibler leurs besoins en matière d’intrants maximise la pousse.

Des économies sont également observables: « Par exemple, on répand moins d’engrais inutilement, ce qui réduit les dépenses des producteurs », résume Bencharki. Ces pertes évitées influencent aussi le bilan environnemental du domaine agricole. En effet, le dépôt d’engrais et de pesticides chimiques est limité grâce à la gestion intelligente.

Toujours au niveau environnemental, la question de la durabilité est selon Bencharki intrinsèque aux outils de précision, puisque ces derniers permettent d’améliorer la performance de la parcelle, à court comme à long terme.

Ces innovations impactent également au niveau national. Aux yeux du gouvernement canadien, elles représentent une façon de demeurer concurrentiel sur les marchés mondiaux. Ces outils numériques ont en effet le potentiel de garantir des aliments avec des valeurs nutritives plus intéressantes que ceux dispensés par certains pays compétiteurs, pour qui les coûts d’achat de grains et de main-d’œuvre atteignent des frais moins importants.

Finalement, outre ses atouts pécuniaires, l’agriculture de précision se présente comme une solution à la demande agroalimentaire grandissante à l’échelle internationale. En juin 2014, un rapport du Comité sénatorial de l’agriculture et des forêts titrait d’ailleurs: « L’innovation agricole : un élément clé pour nourrir une population en pleine croissance ».

Une démocratisation en cours

Depuis environ sept ans, l’agriculture de précision devient de plus en plus accessible de par une baisse notable du coût des équipements et une simplification de leur usage. Notons par contre qu’elle demeure surtout rentable pour les terres de grande échelle, qui possèdent plus de facilité à rentabiliser leurs investissements technologiques.

En contrepartie, comme le rappelle le conseiller à La fédérée : « Les agriculteurs n’ont pas à utiliser tous les aspects de l’agriculture de précision. Un propriétaire d’une plus petite parcelle peut se restreindre à l’acquisition de données sur la performance de ses sols, afin de détenir une meilleure compréhension de la variabilité intraparcellaire de ses champs, et une meilleure capacité de gestion de cette dernière. »

Chacun peut donc vaquer à son rythme dans sa transition vers une « ferme du futur ». De plus, l’étendue de ces technologies en est encore à ses balbutiements si l’on se fie aux prospections de Sébastien Léveillé: « Les nouvelles technologies sont en train de prendre autant de place que la mécanisation durant les cinquante dernières années », illustre-t-il.

La Coop fédérée

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