Vallée Bras-du-Nord, coop de solidarité
Félix Delage-Laurin
Les petits poissons des chenaux, à Sainte-Anne-de-la-Pérade, ça vous dit quelque chose? Et bien, remontez la rivière Sainte-Anne tout le long vers le nord et vous trouverez sur votre chemin, une fois dépassé Saint-Raymond-de-Portneuf, une vallée glaciaire majestueuse. Longue d’une trentaine de kilomètres, cette vallée forme un environnement exceptionnel pour la pratique d’activités en plein air… et c’est le modèle coopératif qui se l’est approprié.
En effet, depuis 2002, la coopérative de solidarité Vallée Bras-du-Nord a pris en charge ce secteur aux mille possibilités. L’objectif de la coopérative est de promouvoir le développement durable du territoire. « Avant notre arrivée, il se faisait une utilisation anarchique de ce lieu. Nous voulions dorénavant avoir une certaine unité. », explique Étienne Beaumont, directeur adjoint à la Vallée Bras du Nord. « Nous couvrons un territoire assez vaste et il est délimité par nos services, que ce soit les 100 kilomètres de sentiers de randonnée pédestre, le canot, le vélo de montagne. »
L’avantage d’être une coop Choisir d’être une coopérative de solidarité a permis d’inclure de membres producteurs de services, qui bonifient l’offre de service tout en soutenant les coûts demandés. « Nous avons des entreprises privées qui utilisent la coop pour offrir leurs services et ainsi diversifier le tout. Grâce à eux, nous pouvons proposer des activités d’hébergement (hôtel, chalet) très variées, des activités équestres, du canyoning et notre fameuse Via Ferrata, un mélange entre randonnée et escalade. Ce sont ces partenariats, possibles dans le moule coopératif, qui nous ont permis de se développer aussi vite. Notre coopérative possède une force hétéroclite qui provient du fait que nous avons plusieurs types de membres, que ce soit la vingtaine de membres producteurs de services, la vingtaine de membres travailleurs ou la quinzaine de membres de soutien. Tous sont concernés par le bien de la coop. », explique t-il. En douze ans, la coop est passée de 2000 clients à 50000 clients par an. « Une fierté », précise Étienne Beaumont.
Impliquée dans sa communauté
La coopérative est située à vingt minutes de St-Raymond-de-Portneuf, une ville de 10000 habitants. Désireuse de s’impliquer dans sa communauté, la coopérative de solidarité a mis sur pied en 2002 un programme de réinsertion pour les jeunes. « À chaque année, nous recevons douze jeunes, majoritairement de St-Raymond, mais aussi de la région de Québec, qui passent six mois à travailler sur le territoire de la coop. Nous sommes allés chercher les meilleurs bacheliers en plein air et tourisme d’aventure afin qu’ils puissent offrir à ces jeunes une formation adéquate en nature. Ils travaillent à l’entretien et au développement des sentiers, à l’entretien des chalets. » Les jeunes prennent aussi part à des ateliers d’estime de soi, à des expéditions d’une semaine dans le fjord du Saguenay, dans les Chic-Chocs. « On leur offre une véritable aventure thérapeutique. Certains m’ont dit qu’avant, ils ne savaient pas quoi faire à St-Raymond. Et que maintenant, s’ils ont une paire de bottes, le monde leur appartient.» Une option plein-air est aussi offerte depuis quatre ans aux élèves de 5e secondaire de l’école Louis-Jobin. Des enseignements su l’alimentation, le repérage et la survie en plein air sont entre autres au menu.
Avec le recul, le choix coopératif était le bon. « Le paysage est notre levier économique. Et notre mode de fonctionnement en est un de connexions sociales. Nous ne possédons que deux terrains sur l’ensemble du territoire où nous avons des services. La majorité de ce qu’on offre, on peut le faire grâce à des ententes, des partenariats, des droits de passage. Avec la coop, on a trouvé la meilleure forme de gouvernance. », conclut Étienne Beaumont. Il clôt la conversation, car la forêt l’appelle et de nouveaux sentiers restent à tracer…