Par Britanie Sullivan
Réseau COOP a fêté son 15e anniversaire dans une ambiance chaleureuse, hier, au Café Campus à Montréal, tout en soulignant les 50 ans du mouvement de la coopération du travail au Québec.
Près de 200 acteurs du milieu coopératif se sont réunis afin d’échanger coopérativement, mais surtout pour entendre l’histoire du mouvement québécois des coopératives de travail. Dans la salle de spectacle du Café Campus, sous les projecteurs de la scène, le conteur Louis-Maxime Lockwell a été celui qui a pris place derrière le micro pour accomplir ce mandat. La trame narrative contée a mené à celle du Réseau de la coopération de travail de Québec en 2007.
Une histoire de coopération
Alors que la ville de Québec a été fondée en 1608, une première coopérative de travail aurait été fondée dans la province au cours de la deuxième partie du 17e siècle. Une entreprise brassicole, a deviné un coopérateur assis dans la foule attentive.
Plus de 200 ans plus tard, en 1867, une « première loi générale au Québec qui institue la possibilité de fonder des coopératives de travail » est mise en place, a rapporté M. Lockwell. Ces dernières étaient des coops de producteurs, précise-t-il.
En 1946, après la Deuxième Guerre mondiale, une vingtaine de coopératives québécoises de travail existent notamment dans les industries de la foresterie et de la charpenterie. La notion de reprise collective est même connue par un certain nombre de coopérateurs.
Vivre dignement
De 1944 à 1959, la Grande Noirceur prend place au Québec. Des travailleurs se questionnent sur leurs mauvaises conditions de travail. Puis, en 1967, « un vent de fraîcheur… » commence par dire Louis-Maxime Lockwell. C’est « l’Expo 67! », s’exclament les gens dans la salle. C’est ainsi qu’un amalgame d’idées, de plus en plus important, s’installe au Québec.
« Nous avons choisi la dignité », a lancé, dans un témoignage lors de cette soirée, Paul-André Boucher, qui a vécu une expérience d’autogestion ouvrière avec la coopérative Tricofil de 1974 à 1982.
Au cours de l’année 1982 prend justement place « la première loi de l’ère moderne qui permet de créer des coopératives de travail, fait part Louis-Maxime Lockwell à son public. Ça bouge dans toutes sortes de domaines. »
S’entraider pour coopérer
En 2007, la coopérative de solidarité Réseau COOP prend vie entre les murs du Café Campus. « Qu’est-ce que ça prend pour dynamiser les coopératives? Qu’est-ce qu’il manque? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné? Peut-on faire la liste des erreurs et des pièges? », ce sont les nombreuses questions qui ont inspiré la création de cette coop, a rappelé Louis-Maxime Lockwell.
Cette aventure a commencé avec 14 coops de travail. Aujourd’hui, Réseau COOP compte plus de 100 membres. Sa mission est d’offrir un soutien aux coopératives dans les différentes étapes de croissance, commençant parfois par celle du démarrage.
« La coopérative de travail représente ces deux courants qui sont très forts au Québec. Elle a non seulement un passé, mais aussi un potentiel incroyable pour l’avenir. Si nous sommes capables de la soutenir, de la faire connaître, de l’outiller, de mobiliser un écosystème lui étant en faveur, nous arrivons à redéfinir des rapports de société à l’intérieur de l’entreprise », a témoigné, lors de cette soirée, Nancy Neamtan, cofondatrice et ancienne dirigeante du Chantier de l’économie sociale, expliquant la raison d’être de Réseau COOP.
Crédit photo : Christian Konjian