< Retour à la liste des articles 15 octobre 2012

Petite-Nation : Quand coopération rime avec développement local

Claudine Lalonde

Au nombre des principes coopératifs, l’engagement dans la communauté est le dernier édicté par l’Alliance coopérative internationale (ACI), à Manchester, en 1995. Ce principe ouvre la coopérative sur le territoire en reconnaissant l’ancrage de ses membres et de ses activités dans une communauté. Il demande à la coopérative de porter son attention sur ce qui l’entoure. En vertu de ce principe, les coopératives s’engagent auprès de leur communauté et cherchent à contribuer à son développement. En ce sens, la coopérative est un acteur du développement local.

La coopérative repose sur la force du regroupement des personnes. La mobilisation d’un milieu autour d’une problématique ou d’un projet commun génère une nouvelle énergie dans une communauté. C’est ce que nous pouvons observer dans la Petite-Nation. Cette ancienne seigneurie bordant la rivière des Outaouais, dans la MRC de Papineau, regroupe 21 municipalités, dont Ripon et Saint-André-Avellin.

Au cœur de cette municipalité de 3 500 habitants, un vieux bâtiment a plusieurs fois changé de vocation au fil des ans : bars, salle de spectacle, hôtels et restaurants s’y sont succédés. Presque laissé à l’abandon au cours des dernières années, le bâtiment abritait un bar et une maison de chambres de qualité douteuse. Mais l’endroit a toujours été un lieu rassembleur pour la communauté et la tradition se poursuit, puisque c’est dans cet édifice délabré que des citoyens ont décidé d’établir une auberge de jeunesse. La caisse Desjardins du coin et quelques centaines de membres de soutien sont recrutés dans la communauté et s’unissent pour permettre au projet de voir le jour. Chacun y contribue à sa façon et l’adhésion des membres favorise leur appropriation du projet. Ce n’est plus qu’un projet, c’est leur projet.

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Après deux ans d’opération, la communauté peut maintenant accueillir des visiteurs et des événements qui requièrent de l’hébergement. Le Café de l’Auberge est devenu un lieu de rassemblement incontournable et un diffuseur culturel chéri des citoyens. « On a la chance de vivre dans une région où le bénévolat est naturel… On a peut-être juste la chance d’être une conséquence des habitudes du milieu », souligne Dominic Rozon, coordonnateur de l’Auberge. Chaque nuitée engendre des revenus supplémentaires de 71 $ en activités, restaurants et achats divers. Avec plus de 2 000 nuitées annuelles entraînant des retombées de près de 150 000 $, l’équipe de l’Auberge s’approche graduellement de son objectif de 5 000 nuitées.

On observe souvent l’effet d’entraînement du recours à la formule coopérative pour mener à bien des projets fortement ancrés dans leur milieu. L’effort de mobilisation dans la communauté contribue au succès de la coopérative, et ce succès devient souvent source d’inspiration.

La nature même de la coopérative comme association de personnes crée les conditions favorables pour le développement local. Elle offre la possibilité d’obtenir du succès grâce à l’action collective, à la mobilisation des citoyens et à l’appui approprié des partenaires du développement local et régional.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est animation.png.À Ripon, c’est un marché public qui contribue à dynamiser l’économie locale. Au départ, Daniel Lavergne et Johanne Moreau souhaitaient offrir un espace commercial simple et des étals trois saisons aux maraîchers. De fil en aiguille, le projet a pris de l’ampleur, comme l’explique monsieur Lavergne, président de la coopérative : « On a constaté qu’il n’y avait pas de toilettes publiques sur toute la route entre Thurso et Tremblant. Puis, la caisse a voulu installer un guichet. Ça crée de l’intérêt pour une clientèle de passage, les villégiateurs en transit. » Pour répondre à la demande de cette clientèle particulière qui veut s’approvisionner en produits prêts à manger sur la route du chalet, on pense, entre autres, à développer une cuisine de production et de transformation des produits locaux. « De façon générale, le projet prend de l’ampleur plus rapidement que le financement. Mais on ne veut pas attendre… Alors on avance avec les moyens disponibles », poursuit monsieur Lavergne.

La municipalité, convaincue de l’impact positif du marché sur l’économie, soutient la coopérative. Ainsi, c’est la municipalité qui a acheté le terrain et le loue à la coopérative pour un montant symbolique de 1 $ par année, grâce au principe de l’emphytéose. Puis, la MRC, le CLD et le Pacte rural ont aussi versé des sommes. De plus, et c’est là le symbole de l’engagement de la communauté, plus de 150 000 $ en travaux et en matériel ont été offerts par les entrepreneurs du milieu! « On voit dans la communauté que la volonté de mettre la main à la pâte est là… Mais il ne faut jamais lâcher! », termine le président.

Les coopérateurs reconnaissent l’importance de maximiser les retombées de leurs activités dans la communauté. Les projets collectifs qui naissent des besoins, des possibilités et des aspirations de leur milieu ont plus de chance de succès du simple fait de cet ancrage. Les gens de la Petite-Nation l’ont compris et ont décidé de coopérer.

www.cdrol.coop

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