< Retour à la liste des articles 15 octobre 2013

Les coopératives au devant des besoins des aînés

Anaïs Elboujdaïni et Claudine Lalonde

Depuis deux décennies, les pays industrialisés font face au défi du vieillissement de leur population. Le Québec ne fait pas exception : le nombre de personnes de 65 ans et plus devrait doubler dans une quarantaine d’années. En effet, selon l’Institut de la statistique du Québec, ce groupe d’âge formant 14 % de la population totale en 2006, atteindrait 28% de la population en 2056. Le modèle des coopératives trouve tout son sens quand vient le temps d’offrir des services à cette frange de la population. Et de bâtir une société répondant aux besoins de tous.

Permettre l’autonomie le plus longtemps possible

Dans un contexte où l’engorgement du système de santé québécois et de ses centres d’hébergement et CHSLD est un secret de polichinelle, l’aide à domicile devient précieuse. Dans la seule région des Laurentides, on répertorie six coopératives d’aide domestique. Ces coopératives ne prodiguent pas de soins de santé mais bien du soutien à domicile, par exemple le ménage ou de menus travaux, afin de permettre aux personnes en perte d’autonomie ou plus fatiguées de rester à la maison le plus longtemps possible. Elles offrent aussi des services aux familles et à tous les types de ménages.

La coopérative de solidarité Défi Autonomie d’Antoine Labelle, dans les Laurentides, incarne bien ces principes. Celle-ci existe depuis 1998 dans sa forme d’entreprise en économie sociale. « Grâce au soutien à domicile offert, on enlève beaucoup de poids aux CSSS et même à l’urgence » explique le représentant de la coopérative, Michel Langevin. Selon lui, en plus d’aider à maintenir les personnes âgées chez elles, l’offre de service de la coopérative aide également à garder les villages en vie. En plus de permettre aux gens de rester à la maison plus longtemps, M. Langevin affirme que l’offre de service, dictée par les membres, permet de desservir sans discrimination une population rurale autrement négligée.

« Beaucoup d’entreprises [privées] n’iraient pas là si le marché n’est pas intéressant » explique le représentant de la coop Défi Autonomie d’Antoine-Labelle. « Nous sommes ancrés dans le milieu et soutenus par le milieu ». La formule coopérative permet à tous les membres de se prononcer sur l’offre de service, ne laissant ainsi personne derrière. Le prix est le même pour tous, peu importe la distance à parcourir. « Comme on compte des représentants dans tous les secteurs, chacun voit à ce qu’il y ait une offre de service partout sur le territoire. Le fait que chaque coin de MRC soit représenté nous empêche de laisser tomber un secteur parce que ça coûte trop cher » soutient M. Langevin.

Quand économie sociale et retombées économiques font bon ménage

Ce secteur économique entre le public et le privé qu’occupe la formule coopérative est plus qu’un projet de société. Elle offre des preuves tangibles de son efficacité économique, surtout en milieu rural. Dans le cas de la coopérative d’aide domestique Défi Autonomie, ce sont 90 emplois créés, 750 usagers et 78 000 heures de service. De ce fait, la coopérative figure parmi les plus grands employeurs de la MRC-Antoine-Labelle.

Et l’habitation?

Dans les communautés rurales, les aînés sont souvent forcés de quitter leur milieu de vie pour obtenir des services d’hébergement appropriés pour répondre à leurs besoins. Dans la Vallée-de-la-Gatineau, on cherchait une solution pour permettre aux aînés de rester chez eux. Une coopérative s’est formée et le conseil de Fabrique a offert l’ancienne église de Ste-Thérèse-de-la-Gatineau. Les ores de services sont lancées; on commencera dès 2014 la transformation de l’église en logements pour personnes semi-autonomes. « On compte déjà 47 personnes intéressées » souligne Agathe Quévillon, présidente de la coopérative. Le projet est financé par plusieurs partenaires, dont la SHQ, et des contributions du milieu. « Nous avons reçu un appui particulier de la MRC, puisqu’ici, plus de 30% des aînés ont plus de 65 ans », explique Mme Quévillon.

En plus du logement, la coopérative offrira des services alimentaires, une salle à manger et toute une série d’activités de loisirs. « L’objectif de la coopérative est d’abord d’offrir des services aux aînés, de les retenir dans leur communauté, tout en leur permettant d’obtenir sur place les services nécessaires à leur mieux-être. Mais ce n’est pas tout. Les maisons ainsi laissées vacantes seront disponibles pour la location; ça attire les jeunes familles, ça fait vivre les écoles et les commerces. La Coopérative de solidarité du Vieux Clocher, c’est bon pour la vitalité du village, c’est bon pour la vitalité de la coopérative et la qualité de vie de ses membres », termine Mme Quévillon.

Entraide et solidarité

Créée en 2012, la Coopérative de solidarité et d’entraide des Milles-Îles regroupe des aînés et dessert le secteur Est de la MRC Thérèse-de-Blainville. La coopérative « magasine » et accrédite des fournisseurs de services reliés à la vie à la maison : travaux de rénovation, entretien extérieur, service d’infirmières à domicile, et même l’entretien ménager, qui est offert en collaboration avec la Coopérative de solidarité en aide domestique du coin! Ainsi, les personnes âgées, souvent inquiètes et vulnérables, se sentent en confiance et ne craignent pas les complications et les escroqueries. En cas de difficultés, la coopérative peut également intervenir. Ce coup de main facilite à coup sûr le maintien à domicile en permettant aux ainés de continuer à habiter et entretenir leur maison. Et comme la coopérative génère un certain volume de contrats, les membres obtiennent des rabais chez les fournisseurs. « On veut, dans la communauté, chez nous, que l’action du maintien à domicile soit marquée par des valeurs d’entraide et de solidarité » explique M. Michel Lippé, président de la coopérative.

La coopérative ne se limite pas à offrir un catalogue de fournisseurs, mais représente également ses membres dans les questions d’accès aux services. Dans le contexte où le système de santé ne parvient plus à desservir les populations vieillissantes, c’est une voix qui revendique au nom des aînés. Avec le projet de loi sur l’Assurance – autonomie, où les aînés recevraient une allocation, calculée selon les besoins et les revenus, afin de pallier à l’incapacité de l’État de répondre à tous les besoins, la coopérative arrive à point!

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