Coopoint inaugure une chronique mensuelle sur la technologie, produite par l’équipe de La Puce Ressource Informatique, un coopérative qui offre des services de soutien technique et de formation aux organismes de l’économie sociale.
Dans les temps anciens, les hommes s’envoyaient des messages à distance à l’aide de signaux de fumées de feux de bois érigés sur la cime des monts. Aujourd’hui il est possible de faire la même chose avec la fonction « torche » du cellulaire, et ce tout en envoyant un selfie sur Instagram (ou Snapchat si l’événement n’est pas assez important pour survivre 24 heures), en écoutant un podcast, en actualisant son statut sur Facebook, sans oublier de streamer le tout en Live pour s’attirer des followers sur YouTube.
Quelle est la grande différence entre ces deux outils de communication? La technologie bien sûr, mais la complexité surtout. Le sondage réalisé par La Puce auprès de ses participants du projet « Citoyens Aînés Branchés et Réseautés » démontre que pour être à l’aise avec les technologies, la formation continue est de mise.
Pour une personne née dans les années 80, l’utilisation de la technologie se compare pour plusieurs au laçage d’un soulier. Mais pour une personne aînée, il en est autrement. Malgré que l’enquête Netendances réalisée par le CEFRIO datant de 2018 semble très encourageante pour l’utilisation des technologies, dénombrant que 80% des 65 ans et plus sont équipés d’une connexion à Internet, 60% l’utilisent tous les jours et 76% estiment en avoir une connaissance de niveau moyen ou élevé. Ces données, cependant, ne nous donnent pas d’information sur l’utilisation d’internet faite par ces derniers et tendent malheureusement à accélérer la démocratisation des technologies et la normalisation généralisée, invitant les institutions à se « dématérialiser ». Par contre, certains efforts sont à applaudir, comme l’exemption de la facturation papier payante pour les plus de 65 ans, depuis le 1er janvier 2015 par le CRTC.
Se sentir dans le coup
Le chemin est encore long pour que les aînés se sentent inclus numériquement. Cette inclusion numérique est d’ailleurs devenue la voie obligatoire pour tous, ne laissant que peu de place aux alternatives encourageant un mode de vie physique, prisé par les aînés.
La communication avec la famille est un autre exemple d’effet pernicieux que la technologie a engendré pour les aînés, habituant ces derniers aux contacts familiaux numériques plutôt qu’humains. C’est le miroir d’un rythme de vie soutenue dans lequel Internet est notre moteur.
Offrir un cellulaire ou une tablette à ses grands-parents est en soi un beau geste, mais sans la formation appropriée, l’outil devient rapidement une source d’angoisses. La sécurité informatique est un enjeu puisque beaucoup d’aînés sont craintifs par rapport à fournir des données financières informatisées. Les manchettes concernant les vols de données sont loin de leur fournir une image rassurante concernant l’utilisation des fintech.(1)
Les aînés devant s’adapter rapidement pour suivre la vague sont confrontés, comme tous, aux conséquences de notre confiance aux technologies. Au-delà donc de l’apprentissage technique, de l’adaptation à cette logique numérique basée sur la capacité d’adaptation pour le changement, les aînés ont besoin d’être rassurés tout d’abord humainement, d’être inclus non pas numériquement, mais socialement avec l’apport d’outil numérique, et de se rappeler que la technologie reste un outil de communication au même titre que le silex.
1- Radio Canada le 21 juin 2019: « Vol de données personnelles de 2,9 millions de membres particuliers chez Desjardins. Desjardins étend la protection d’Equifax à cinq ans ». Radio Canada le mardi 12 septembre 2017: « La compagnie Equifax, victime d’un piratage des données personnelles de 143 millions d’Américains et d’un nombre indéterminé de Canadiens ».