Anne-Gabrielle Ducharme
Le concept de Fab lab, ou dans sa forme plus longue, de laboratoire de fabrication, a vu le jour au Massachussetts Institute of Technology (MIT) à la fin des années 1990. Son but : rendre accessible à la collectivité des outils numériques afin de démocratiser la création. À Sherbrooke, c’est en 2015 que la coopérative de solidarité La Fabrique a ouvert ses portes.
« On rejoint le mouvement Fab lab avec les équipements de fabrication numérique, telles les imprimantes 3D et les découpeuses laser, mais le terme que l’on utilise plus souvent est atelier collectif », explique le président et fondateur de la coopérative, Julien Lamarche. On retrouve en effet dans leurs espaces des outils dits plus traditionnels, permettant de pratiquer l’ébénisterie, la poterie et le travail du métal.
La petite histoire
Diplômés en génie de l’Université Sherbrooke, les instigateurs du projet ont été inspirés lors d’un voyage à New York où se tenait un « Maker Faire », ou pour reprendre les termes de Julien Lamarche « une grande foire annuelle de passionnés de fabrication ». L’intention derrière un tel évènement est d’allouer à des créateurs l’opportunité d’exposer leurs projets, et surtout, de partager leur savoir et de se nourrir de celui des autres participants.
« Ce modèle permet de donner le pouvoir aux gens, d’ouvrir nos portes à des visions différentes », souligne le président.
Les Sherbrookois ont par la suite suivi une formation de trois jours à Boston sur les façons de gérer et de créer des espaces voués aux « patenteux de tous horizons », comme le dit si bien le président de la coop.
Une gestion en diversité
Bien qu’issus du milieu universitaire, les fondateurs de La Fabrique ne souhaitaient pas que le « laboratoire » soit opéré exclusivement par des diplômés en gestion ou en génie. Le modèle coop s’est ainsi imposé : « Ce modèle permet de donner le pouvoir aux gens, d’ouvrir nos portes à des visions différentes », souligne le président. Des artistes, ébénistes ou designers se sont ainsi greffés au projet.
Inspirée de la permaculture, un « mode d’action » dont le mantra est de respecter toutes les parties en présence dans un environnement et d’en maximiser les vertus, la gestion du Fab lab permet de produire dans des domaines de tout acabit. « Comme au sein d’un jardin de permaculture, on laisse place aux différences. On fait cohabiter les communautés d’affaires, artistiques, etc. », image Julien Lamarche.
Un citoyen, un créateur
« Le premier volet de la mission de La Fabrique est de faire de chaque citoyen un créateur », rappelle le jeune entrepreneur. À l’instar de sites comme Instructables.com, une plateforme créée en 2005 par un ingénieur mécanique où l’on retrouve les modes d’emploi nécessaires à la confection d’objets en tous genres, l’initiative sherbrookoise incarne cette tendance aujourd’hui bien implantée du « Do it yourself » ou DIY. Il suffit d’y suivre une formation d’environ trois heures et de payer sa cotisation pour avoir accès de manière autonome aux ateliers.
Or, le projet bénéficie également aux entreprises et aux « micro-entrepreneurs », dont les activités se traduisent en profits financiers. « Des artistes d’arts visuels sont établis dans nos locaux. Ils ont pu s’y former un réseau et s’ouvrir à d’autres opportunités. Certains ébénistes ont eu l’occasion d’y faire leur premier contrat et d’y développer leur style», exemplifie-t-il.
Pour se tenir au courant des plus récentes créations sherbrookoises, restez à l’affût des évènements organisés par La Fabrique, notamment leur « Week-end start up » et leur « Mini Maker Faire ».