< Retour à la liste des articles 15 octobre 2011

Autour d’un café

Vogou, entreprise lavalloise d’économie sociale

Collaboration spéciale de Claire Le Bel

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est claire-Le-bel.png.Le café L’Entraide (Pont-Viau et Laval-des-Rapides) est né en 1993. Il a amorcé ses activités au deuxième étage d’un immeuble situé sur la rue Proulx Ouest du quartier Laval-des-Rapides.Il mettait alors son local à la disposition des personnes et des organismes du quartier pour leur faciliter la tenue d’événements rassembleurs. Il s’agissait d’un lieu de rencontre et d’animation pour rêver, imaginer et s’entraider.

Un café d’entraide où des êtres bigarrés circulaient : parfois un transsexuel en quête de sa nouvelle identité, une névrosée qui venait attendre là que son thérapeute la rencontre, un ancien prisonnier au regard timide, une vieille dame venue briser sa solitude et, déjà, des représentants d’organismes du quartier. C’était le début d’une belle aventure, un début modeste, mais nécessaire, compte tenu du fait que L’Entraide prenait un élan, son élan, pour s’inscrire dans la réalité locale.

Un début modeste pour une idée qui allait devenir grandiose : un café rencontre générateur d’actions, d’animation et créateur d’emplois, où les valeurs démocratiques seraient à la base de l’amélioration des conditions sociales, économiques et environnementales, plus souvent en faveur des moins nantis.

C’était l’amorce d’un projet d’économie sociale dans un local aussi haut que long.

Septembre 2010. L’Entraide a pignon sur la rue Saint-André, dans le quartier Pont-Viau, dans l’ancienne école Raymond-Labadie. Une invitation vous est lancée.

Vous arrivez à midi. L’endroit porte le nom de La Maison Coqlicorne. En façade, rien ne vous suggère que ce lieu est vaste, mais lorsque vous franchissez le seuil de la porte d’entrée, votre regard fixé sur une ligne d’horizon lointaine mesure sa réelle dimension, son ampleur et le travail colossal qu’il aura fallu pour l’aménager. À gauche, en entrant, c’est Le Café Vogou. Vous entrez maintenant dans ce rêve imaginé en 1993, il est là devant vous et, plus vous vous y engouffrez, plus vous êtes assuré de vivre une grande expérience.

Une musique cubaine vous reçoit en même temps que deux responsables tout aussi cubains. Les deux ont appris le français ici, ils ont été accueillis à L’Entraide. Inauguré en janvier 2009, ce café est chaleureux. Des arômes viennent vous surprendre et vous charmer; des arômes de café bien entendu, mais aussi ceux provenant de la cuisine. Vous êtes en appétit. Des femmes sont assises silencieuses à une première table, certaines portent un voile. Vous apercevez des chefs en formation de l’École hôtelière de Laval, ils y reçoivent leur formation théorique et pratique, ce sont eux qui gèrent la cuisine; ils sont encadrés par leurs professeurs.

D’autres personnes de diverses origines tiennent des discussions dans des langues que vous n’auriez jamais imaginé entendre ici. Vous êtes à Laval, mais en fermant les yeux vous pourriez être au Maroc, au Mexique ou dans
un des pays de l’Est. En Roumanie aussi. Vous apprenez à apprécier l’endroit et vos pas vous mènent à la recherche d’une chaise où vous pourrez vous asseoir.

À une table, des travailleurs du CSSS commandent leur repas. À une autre, des parents côtoient des bénévoles du Relais communautaire, un organisme du quartier. Quelqu’un vous invite à vous asseoir à ses côtés avec un fort
accent roumain. C’est un des employés de L’Entraide. Il est en charge des cours de francisation diffusés dans des locaux de La Maison Coqlicorne. Vous l’écoutez d’une oreille distraite, car les nombreux va-et-vient vous empêchent de vous concentrer. Vous comprenez toutefois qu’il gère neuf classes de francisation regroupant chacune une vingtaine d’étudiants. Il vous dit que ces étudiants fréquentent assidûment le Café Vogou. Il vous dit aussi que plus de 250 personnes circulent ici et là quotidiennement, que le café est devenu un lieu de ralliement pour le quartier.

Parfois, il vous arrive de ne plus l’écouter et votre attention se porte sur le menu. Vous faites un choix et vous commandez. Votre voisin roumain continue de vous informer malgré vos absences temporaires; il vous mentionne maintenant que des travaux de rénovation et d’agrandissement ont été exécutés afin de répondre aux besoins grandissants et à l’arrivée de nouvelles clientèles. Il vous dit aussi que pour mieux définir ce projet, autant en ce qui touche sa portée sociale que ses coûts, il a fallu l’appui des citoyens, des gouvernements, du secteur bénévole et communautaire, des établissements d’enseignement et d’autres partenaires. Selon lui, c’est une preuve que L’Entraide a des assises solides dans la communauté lavalloise. Vous êtes servi.

Pendant que vous savourez, votre regard se porte maintenant au-delà des fenêtres d’un local qui ressemble à une serre. C’est l’annexe nouvellement construite.

Vous comprenez alors que ce Café Vogou n’est pas seulement un lieu de rencontre, d’accueil, il favorise l’intégration des nouveaux immigrants et il constitue un lieu d’apprentissage. Le Café a aménagé de nouveaux espaces, de nouvelles activités qui ont enrichi la communauté locale en augmentant l’offre de services et en créant de nouveaux emplois. Des organismes louent ces espaces, y tiennent des événements. De nouveaux services y sont offerts, comme cette « halte allaitement ». Le Café réalise de nouveaux revenus, rendant possible la tenue de nouvelles activités. Un levier pour l’avenir. Le Café Vogou collabore étroitement avec les partenaires d’économie sociale, dont la Coopérative de développement régional (CDR) Montréal-Laval.

De 1993 à 2010. Deux cafés à des époques différentes, dans des contextes différents. En 1993, L’Entraide tentait de prendre racine dans une communauté traditionnelle. En 2010, Le Café Vogou s’active en étant ouvert sur le monde. Il fait la démonstration de la maturité de l’organisme qui lui a donné naissance, il fait aussi la démonstration de la rigueur des interventions. Tout ce travail colossal n’aura pas été vain, il aura permis de grandir avec la ferme conviction que les rêves deviennent réalité lorsqu’ils sont portés par toute la communauté.

Après le repas, je salue celui qui m’a guidée et je ressors de cet endroit avec l’intention d’y revenir. Et vous?

Café Vogou
Téléphone : 450 663-8039

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