La récolte de chez nous
Gaétan-Philippe Beaulière
En dix ans d’existence, la coopérative La Récolte de Chez Nous s’est taillé une place enviable dans le marché de l’alimentation du sud-est néobrunswickois. Une place consolidée par les succès qu’elle a connus, mais aussi par ses multiples projets en friche. Et, surtout, sa fructueuse culture d’entraide. Portrait d’une entreprise florissante.
Lorsqu’ils ont investi de bon matin le marché de Dieppe le printemps dernier, les résidents des environs de cette petite ville voisine de Moncton n’ont sûrement rien remarqué de nouveau au moment de faire leurs emplettes. Mais derrière leurs étals, les producteurs membres de la coopérative La Récolte de Chez Nous, eux, savaient bien que quelque chose avait changé. Le marché où affluent tous les samedis quelque 6 000 personnes était maintenant géré par leur coopérative. Un pas de plus fait par l’entreprise pour assurer une mise en marché plus efficace des produits maraîchers cultivés par ses membres.
« C’est un grand pas pour la coopérative que de gérer ce marché-là en espérant qu’il va aider à mieux promouvoir les produits du terroir et produire des revenus que nous pourrons investir dans d’autres projets pour les fermiers », dit le directeur général, monsieur Mathieu D’Astous. « Je pense que c’est un gros projet qui permet à la coopérative d’évoluer de manière substantielle. »
La coopérative a pourtant déjà considérablement grandi depuis sa fondation, en 2000. Elle comptait six membres à ses débuts. Ces dernières années, le nombre de membres a oscillé entre 25 et 30 producteurs. Surtout, elle a atteint l’objectif que ses fondateurs s’étaient donné : améliorer la promotion et la vente de produits locaux.
L’un de ces fondateurs, Léopold Bourgeois, explique que l’élimination des intermédiaires a bien servi les producteurs et les consommateurs. « Nous vendons nos produits à de meilleurs prix que ceux des grandes chaînes de magasins d’alimentation, ce qui nous permet de réaliser de 25 % à 30 % de profit. C’est gagnant-gagnant », révèle-t-il.
L’hiver, des formations sont offertes par la coopérative sur des thèmes tels que la vie associative ou l’agriculture respectueuse de l’environnement, question d’aiguiser les facultés des commerçants, des producteurs et des coopérateurs membres.
Et plusieurs autres projets élaborés dans le même esprit sont présentement en gestation : la création d’un festival de l’agriculture, la mise sur pied d’un programme de paniers de fruits et légumes, l’ouverture d’une boutique où seraient vendus des produits transformés par les fermiers, comme la confiture…
Développement durable
En soi, la promotion du « manger local » est liée au développement durable. La Récolte de Chez Nous n’est pas en reste pour autant. « Un des aspects vraiment importants des activités de la coopérative est de faire en sorte qu’on puisse réduire au minimum l’impact sur l’environnement et, en même temps, prendre soin de cet environnement pour que la fertilité se maintienne », selon Mathieu d’Astous.
L’entreprise coopérative a notamment lancé, il y a trois ans, une marque, Éco-Logik, qui atteste les efforts consentis par les producteurs à une culture maraîchère « durable » lorsque la certification bio est hors de leur portée. « La réalité de plusieurs producteurs, c’est qu’ils n’ont pas accès aux mêmes produits qu’ailleurs, comme aux États-Unis », dit le directeur général. « Nous essayons de faire de notre mieux pour réduire au minimum l’utilisation des pesticides, par exemple. »
Monsieur D’Astous signale par ailleurs qu’une ferme expérimentale sera éventuellement créée en partenariat avec le gouvernement fédéral pour évaluer l’efficacité de différentes structures, comme les abris-parapluies sur la culture de fruits et légumes biologiques.
La coopérative semble donc vouée à un avenir commercial prometteur.
En revanche, le bilan des dix années d’activité de l’entreprise fait par Léopold Bourgeois laisse voir une facette tout autre de la coopérative. Depuis l’ouverture de La Récolte de Chez Nous, « le plus grand changement que nous avons observé, c’est l’amitié qui s’est créée entre les producteurs. » Selon lui, la coopérative a permis à un esprit de collaboration de succéder à la compétition féroce que se livraient les producteurs auparavant. « Nous échangeons des produits, nous échangeons des idées. Les uns vendent les produits des autres dans leurs kiosques et dans les marchés publics », illustre-t-il.
Somme toute, le plus beau succès de La Récolte de Chez Nous échappe peut-être aux calculs comptables. À en croire Léopold Bourgeois, l’authentique esprit de coopération que partagent les producteurs n’a pas de prix.
La Récolte de Chez Nous, Marché de Dieppe
232, chemin Gauvin
Dieppe (N.-B.) E1A 1M1
506 854-8557