< Retour à la liste des articles 15 octobre 2012

Immigration et communautés culturelles : un bassin de main-d’oeuvre important

Chantal jolicoeur

À Montréal, près de 30 % de la population est issue de l’immigration. Environ 580 000 personnes sont en effet nées à l’extérieur du pays. À cela, ajoutons toutes les personnes issues des communautés culturelles. Il s’agit là d’un potentiel énorme pour assurer le développement de la métropole. À cet égard, la Coopérative de développement régional de Montréal-Laval (CDRML) souhaite développer une panoplie d’initiatives dans le but d’atteindre cette clientèle.

Selon les données trimestrielles du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC), près de 54 000 personnes ont immigré au Québec en 2010, soit une hausse de 9,1 % par rapport à l’année précédente. Les statistiques du premier trimestre de 2011 démontrent que :

• 62,3 % ont une scolarité de 14 ans ou plus;
• 67,2 % proviennent de l’immigration économique ;
• 68 % ont moins de 35 ans;
• 72,6 % ont l’intention de s’installer à Montréal;
• 78 % veulent intégrer le marché du travail.

Dans son Plan quinquennal 2010–2015 – Montréal, métropole du 21e siècle, la Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal a saisi ce potentiel et a fait de l’intégration des immigrants et des communautés culturelles un axe de développement. Pour y arriver, elle mise sur différents enjeux, notamment sur le développement social. Elle s’appuie également sur l’accroissement de l’entrepreneuriat, particulièrement sur le renforcement de l’économie sociale et de la relève entrepreneuriale auprès de l’immigration, pour répondre à un autre enjeu : l’établissement d’une économie dynamique et innovante. À cet égard, elle cite d’ailleurs que l’économie sociale représente un flux financier de plus de 2 millions de dollars par année.

En parallèle, le Plan d’action de la région de Montréal en matière d’immigration, d’intégration et de relations interculturelles (PARMI) mobilise plus de 50 acteurs montréalais. Le plan s’articule autour de trois axes de développement :

• Maintenir une immigration qui répond aux besoins de la région;
• Assurer une intégration rapide et durable à l’emploi;
• Développer la région en misant sur l’atout de la diversité.

Ricardo Acedevo, agent de développement du secteur de l’immigration à la CRÉ, affirme que : « Le PARMI a notamment pour objet de soutenir et promouvoir l’entrepreneuriat immigrant afin de favoriser l’autonomie financière et mettre à profit le potentiel de ces personnes. D’ailleurs, la CRÉ soutient le développement du projet de la Coopérative Entreprise Partagée (CEP). »

En outre, une étude sur l’entrepreneuriat à Montréal, réalisée en 2006 par Nathalie Riverain, du HEC Montréal, démontre que les nouveaux arrivants démarrent davantage d’entreprises que les Canadiens de naissance, soit 10,5 % contre 7,9 %. Par ailleurs, dans son portrait sur la population immigrante à Montréal, la Ville de Montréal mentionne qu’en 2006, on comptait un plus grand nombre de travailleurs autonomes dans la population immigrante, soit 12,6 % contre 9,9 %.

Créé en 1996, le Centre d’entrepreneuriat HEC–Polytechnnique–Université de Montréal a contribué au démarrage de 161 entreprises depuis sa fondation. Tout récemment, le Centre a mis sur pied le microprogramme d’intégration professionnelle et d’entrepreneuriat, qui vise les personnes immigrantes ou issues des communautés culturelles. Il a pour but de promouvoir l’esprit d’entrepreneuriat auprès des diplômés et de favoriser leur intégration au sein de la communauté d’affaires
du Québec.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est helene-simard.png.Tous ces éléments démontrent le potentiel de la dyade immigration- entrepreneuriat et ont naturellement dirigé la CDRML vers cette clientèle. Ainsi, en 2010, grâce à un appui financier du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT), la CDRML et le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) ont mis sur pied la Table de concertation pour le développement coopératif à Montréal. Réunissant 15 partenaires coopératifs et 3 partenaires institutionnels, la Table a pour objectif d’accentuer la promotion et d’augmenter la notoriété de la formule coopérative à Montréal en visant notamment les immigrants et les communautés culturelles.

Selon Driss Mbirkou, agent de liaison de la Table : « Dans plusieurs observations faites lors de projets antérieurs, dans les priorités stratégiques de nos partenaires et les analyses du terrain, il appert que cette clientèle présente un haut potentiel pour développer des coopératives, grâce à la disponibilité de sa main-d’œuvre, ses qualifications professionnelles, sa fibre entrepreneuriale et sa connaissance des rouages de l’entrepreneuriat collectif. La Table tente donc de développer une approche structurante avec la présence de plusieurs partenaires. »

En février 2011, la Table a organisé le Rendez-vous de la coopération : Coop et Communautés culturelles à la coopérative Le Cabaret du Mile-End. Cet événement a permis de sensibiliser une centaine d’invités aux bienfaits de la coopération. Un sondage en direct a démontré que :

• 50 % estiment que la coopérative permet aux gens de se prendre
en main;
• 44 % croient que la formule coopérative est méconnue ;
• 72 % affirment que cette structure juridique présente des avantages
pour les communautés culturelles.

La CDRML, en collaboration avec le Chantier de l’économie sociale, s’est impliquée dans l’élaboration de la Stratégie de sensibilisation et d’information à l’économie sociale, laquelle est dirigée vers les communautés culturelles. Des 5 à 7 multiculturels organisés dans les locaux de la Coopérative du Café Campus au Petit Campus ont interpellé la communauté maghrébine en mai 2011, la communauté latino-américaine en juin 2011 et la communauté africaine en septembre 2011. L’animation dynamique et tout en musique ainsi que le réseautage libre ont suivi de courtes présentations de la formule coopérative et de l’économie sociale par les représentants de la CDRML et du Chantier de l’économie sociale.

Enfin, la CDRML a lancé deux projets d’envergure avec ses partenaires1. Ces projets ont pris leur envol en 2009 et se poursuivent encore aujourd’hui. Le premier consiste en la création de la CEP, au sein de laquelle une vingtaine de femmes entrepreneures seront regroupées. Le projet leur offrira un cadre juridique, économique, social et humain stimulant pour le développement de leur projet d’affaires. Le deuxième projet vise la mise sur pied du Pacte régional pour un continuum de services en entrepreneuriat pour femmes issues de l’immigration. Il permettra d’améliorer l’accueil et de renforcer le référencement entre les divers organismes de soutien.

La CDRML vous invite à communiquer avec elle, au 514 340-6056, ou à info@cdr.coop, et à visiter son site Internet, au www.cdr.coop, afin d’en connaître davantage sur ces initiatives et les projets en cours.
www.cdr.coop

  1. Partenaires : Femmessor-Montréal, Coopérative Écosol, Association communautaire d’emprunt de Montréal, Compagnie F, Chantier d’Afrique du Canada, Centre d’encadrement pour jeunes femmes immigrantes. Financiers : CRÉ de Montréal, ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine (MCCCF), ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE), ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC), Caisse d’économie solidaire Desjardins, Filaction.

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