Louis d’Or
Pour tous les experts en tourisme, le taxi en est une composante essentielle de l’industrie. Et à Montréal, un des chefs de file, c’est Taxi Coop.
Fondée il y a 41 ans, Taxi Coop est une vénérable institution, tant pour Montréal que pour le milieu des coopératives. « Les murs de nos bureaux sont ornés de photos des présidents successifs; on dirait des tableaux de chasse », commente en souriant le nouveau directeur général, Jean Fortier, ancien cadre de La Coop fédérée.
Taxi Coop est une coopérative de producteurs comptant 339 membres, autant de PME qui tentent de tirer leur épingle du jeu alors que l’industrie du taxi connaît une difficile transformation planétaire. Évidemment, l’arrivée d’Uber a compliqué les choses. Au moment d’écrire ces lignes, les rues de Montréal et de Québec étaient envahies par des chauffeurs excédés par une énième réforme, menée cette fois par le gouvernement Legault, qui consacrait la baisse de la valeur de leurs permis.
L’industrie subit non seulement les assauts d’Uber, qui a imposé une modernisation technologique, mais aussi une vision de la tarification, modulable en fonction de la demande, qui passe mal. La lutte contre l’évasion fiscale a aussi forcé Québec à installer, dès l’an prochain, des modules d’enregistrement des ventes (MEV) directement dans les voitures. C’est une mesure qui a vivement touché l’industrie de la restauration il y a plusieurs années, mais qu’accepte l’industrie du taxi. Québec espère ainsi récupérer 72 M$ annuellement.
Puis, la déconfiture de Téo Taxi et la revente du holding Taxelco à l’homme d’affaires Pierre Karl Péladeau, en avril, a ajouté un chapitre à l’histoire mouvementée de l’industrie.
Ça va bien
Tous ces bouleversements n’ont pas entamé le pouvoir d’attraction de Taxi Coop : « Notre coopérative est en santé et en croissance, confirme M. Fortier. Nos chauffeurs apprécient l’efficacité de notre centre de répartition et d’appels. Et nous allons investir davantage dans la technologie pour maintenir notre avance. » De fait, la coop propose d’appliquer un rabais de 15 % sur les courses commandées à partir de son application maison.
Jean Fortier croit fermement que l’industrie du taxi va passer au travers de la crise en se modernisant.
Il donne l’exemple de son centre d’appels, qui précise au client le nombre de minutes qu’il devra attendre avant qu’une voiture vienne le cueillir. Taxi Coop répond ainsi à plus de 1,4 M d’appels par année. M. Fortier défend aussi le grand avantage de ses membres sur la concurrence, notamment Uber : « C’est un fait établi : nos chauffeurs connaissent le territoire à fond, dit-il. De plus, nous sommes une coopérative. Nos chauffeurs ont un sentiment d’appartenance. »
Du point de vue touristique, la connaissance de la ville et de ses principaux attraits est un avantage indéniable. « Les chauffeurs ne sont pas des guides touristiques ambulants, mais ils connaissent la métropole », ajoute-t-il. Certes, il se plaint comme tout le monde des multiples chantiers, mais surtout des lacunes des autorités à bien communiquer les emplacements des cônes orange.
« Pour le touriste, le grand atout du taxi, c’est sa capacité à le déplacer rapidement du point A au point B, à l’abri des intempéries, de manière sécuritaire, insiste-t-il. Les touristes apprécient, car ils ne veulent surtout pas se casser la tête à lire les cartes, à suivre un GPS, à naviguer dans la circulation ou à chercher une place de stationnement. On demeure concurrentiel ou complémentaire face aux autres modes de transport. En fait, l’industrie touristique ne pourrait pas se passer du taxi. »
La longue feuille de route de Taxi Coop est un avantage, car ses méthodes de gestion sont éprouvées et efficaces. L’entreprise emploie des gens expérimentés. Les communications sont bien rodées avec les membres, qui disposent de toutes les informations et statistiques importantes. « Le cœur d’une coop, ce sont les services aux membres », assure M. Fortier.
Les principales destinations desservies par les chauffeurs de Taxi Coop demeurent le Quartier des spectacles et le centre-ville, surtout l’été, ainsi que le pôle Maisonneuve (Insectarium, Biodôme, Planétarium et Parc olympique). L’aéroport de Dorval forme aussi un marché important.
Publié en juin 2019