Coopoint : Quelle est la place des coopératives au sein du développement économique du Québec?
Clément Gignac : Les coopératives sont des entreprises innovantes et dynamiques qui contribuent activement au développement économique et social du Québec. Elles font partie intégrante de la relance économique et de la culture entrepreneuriale au Québec. L’entrepreneuriat coopératif québécois est dynamique à plusieurs égards. En 2008, alors que la population québécoise représentait 24 %, 63 % des nouvelles coopératives constituées au Canada provenaient du Québec. Au chapitre de l’emploi, les coopératives font très bien également. De 1997 à 2007, le nombre d’emplois dans les coopératives non financières1 a progressé de 5,4 % en moyenne par année. Pendant la même période, le nombre d’emplois au Québec progressait de 2,1 % par année.
Dois-je rappeler également que les coopératives présentent un taux de survie environ deux fois plus élevé que celui des autres entreprises?
L’entrepreneuriat coopératif est donc un bel exemple de prise en charge qui a fait ses preuves et qui est plus que jamais actuel.
C : Quelle est la place du développement et de la pérennité des coopératives au sein de votre ministère?
C. G. : En 2003, le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE) a mis en place une Politique de développement des coopératives, la seule d’ailleurs au Canada. Dans le cadre de cette politique, nous avons conclu une entente de partenariat avec le mouvement coopératif. Cette entente a permis de revoir le cadre légal coopératif, d’améliorer les outils financiers et fiscaux à l’intention des coopératives, de soutenir davantage les projets structurants coopératifs et de bonifier l’aide technique au démarrage, particulièrement l’aide au suivi et au développement d’affaires. Plus de 20 réseaux régionaux et sectoriels représentés par le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) adhèrent à cette entente.
Le MDEIE vient de reconduire pour 2010-2011 et 2011-2012 l’entente de partenariat (10,2 M$, dont 9 M$ du gouvernement), ce qui témoigne de notre foi dans le potentiel de développement économique et social des coopératives. Ce gouvernement est fier d’avoir appuyé le CQCM avec des ententes de partenariat depuis 2003.
Finalement, il ne faudrait pas oublier la présence d’une équipe de personnes qui, à la Direction des coopératives de notre ministère, soutiennent le développement coopératif sur une base quotidienne.
C : Sachant que les divers modèles coopératifs développés au Québec ainsi que les différentes lois les régissant sont reconnus un peu partout au monde, qu’entend faire le Ministère pour accroître cette reconnaissance?
C.G. : Au Québec, les coopératives ont du succès dans plusieurs secteurs, comme l’épargne et le crédit, les assurances, l’agroalimentaire et les services à la personne, pour ne nommer que ceux-là. Dans certains secteurs
économiques, la formule coopérative est cependant moins connue et moins considérée. Il faudra continuer à faire en sorte que les particularités coopératives soient mieux prises en compte dans les programmes, mesures, lois, politiques et stratégies.
Les coopératives doivent s’implanter dans de nouveaux secteurs. Il faut créer un contexte favorable et lever, dans certains cas, les embûches réglementaires et autres qui peuvent désavantager les coopératives.
C. : Le Ministère a mis sur pied la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation 2010-2013. Quelle sera la place des coopératives au sein de ce large plan d’action ?
C. G. : Les mesures visées par la Stratégie visent toutes les entreprises, ce qui inclut les coopératives.
J’encourage le mouvement coopératif à prendre pleinement sa place et à présenter des projets.
C. : En quoi les coopératives développées au Québec sont-elles innovantes?
C. G. : Le Québec a innové en introduisant les coopératives de solidarité qui permettent de regrouper différents types de membres et de répondre à différents besoins.
On retrouve aussi au Québec les coopératives de travailleurs actionnaires qui constituent un partenariat original, puisqu’elles mettent à contribution les forces de l’entreprise privée, autant que celles de l’entreprise coopérative.
Les coopératives sont aussi très innovantes dans leurs activités, qu’on pense aux produits forestiers non ligneux, aux produits agroalimentaires de toutes sortes et aux services à la personne, par exemple.
C. : La relève demeure un enjeu de taille pour les différents secteurs coopératifs. Qu’entend faire le Ministère pour promouvoir la formule coopérative auprès des Québécois et à l’étranger ?
C. G. : Toutes les entreprises sont confrontées aux défi s de la relève. Il y a d’abord le défi de constituer une bonne relève dans les entreprises elles mêmes, par une formation efficace et continue de la main-d’œuvre, notamment.
Il existe aussi un défi lié au départ des propriétaires au cours des prochaines années. Les coopératives représentent une solution efficace à cette problématique. Par la formule coopérative, la relève peut être assurée par les travailleurs, les consommateurs ou les producteurs. On voit aussi de plus en plus de partenariats entre les travailleurs et les investisseurs privés, comme dans les coopératives de travailleurs actionnaires (CTA). Le MDEIE a aussi contribué à développer deux outils liés à la relève, soit le Guide CTA et le Guide Relais (reprise d’entreprises).
Nous continuons à promouvoir activement la formule coopérative au Québec par différents moyens, dont l’entente de partenariat ou l’association avec différents projets structurants coopératifs.
Pour répondre à la dernière partie de votre question, l’expertise québécoise en coopération est mondialement reconnue. Le MDEIE reçoit très fréquemment des missions du Canada anglais, des États-Unis, de l’Amérique du Sud et de l’Europe, qui viennent s’enquérir de l’approche québécoise en développement coopératif. Nous sommes fiers de rendre accessibles notre expérience et notre expertise aux étrangers. Cette expertise, nous la rendons accessible également à des organisations de développement international telles que la Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI).
Il ne faut pas négliger l’apport des coopératives pour l’économie en région. Les coopératives et les mutuelles ont bien saisi toute l’importance que revêt la mobilisation du milieu. Elles misent ainsi sur des valeurs et des principes moteurs, tels que la mise en commun des ressources et la gestion démocratique.
- Ce qui exclut le Mouvement Desjardins et les mutuelles d’assurance.