Louis-David Malo
Réunies en table ronde, les agentes de sensibilisation à l’entrepreneuriat jeunesse des carrefours jeunesse-emploi de Lanaudière, madame Magalie Gagné, madame Maude Jetté et madame Sara Bellemare, ainsi que l’agente de promotion à l’entrepreneuriat collectif jeunesse de la Coopérative de développement régional (CDR) de Lanaudière, madame Andrée-Anne Potvin, discutent de leurs projets coopératifs et de leurs impacts sur les jeunes qu’elles rencontrent chaque année dans les écoles primaires et secondaires de la région…
Une alliance naturelle au profit de l’entrepreneuriat jeunesse
Dans Lanaudière, les intervenantes vouées à la sensibilisation à l’entrepreneuriat jeunesse ont uni leurs forces pour donner aux jeunes le goût d’entreprendre. Elles partagent leur expertise, leur temps et leurs énergies afin de faire vivre aux jeunes une expérience entrepreneuriale enrichissante et porteuse de changements. À force de collaboration, de partage et d’entraide, les intervenantes ont formé une équipe entreprenante et coopérante.
« C’est une alliance qui s’est faite naturellement. On travaille avec les forces de chacun, on fait un vrai travail d’équipe et on s’amuse beaucoup en travaillant ensemble », raconte Maude Jetté, du Carrefour jeunesse-emploi de L’Assomption. « Nous avons le goût de développer, d’entreprendre des projets ensemble et avec d’autres personnes, comme les enseignants », renchérit Magalie Gagné, des carrefours jeunesse-emploi Montcalm et Matawinie.
« De plus, le fait que nous nous déplacions en groupe lors de nos interventions dans les écoles montre l’exemple de ce que sont le travail d’équipe et l’esprit coopératif », précise Sara Bellemare, du Carrefour jeunesse-emploi de D’Autray-Joliette.
Les coops à l’école
Les intervenantes ont observé que les jeunes de la région font preuve d’individualisme dans leur quotidien. Les amener en entreprise coopérative leur permet de découvrir les valeurs de solidarité promues par le mouvement coopératif.
« Avec la réforme scolaire, la table est mise pour favoriser l’intégration des coopératives. Les enseignants ont adopté une approche par projet. Les élèves sont appelés à collaborer dans leur cadre scolaire. Intégrer un projet de coopérative s’inscrit aisément dans cette perspective », explique Maude Jetté.
Toutefois, l’idée de démarrer une entreprise ne plaît pas à tous les enseignants. Quelques-uns expriment des craintes. « Certains enseignants, pas tous, se montrent un peu réfractaires à l’idée de démarrer une entreprise avec les élèves. Pour certains, l’idée de faire de l’argent est mal perçue, ce n’est pas une valeur promue à l’école. Le fait que ce ne soit pas un projet pédagogique en freine d’autres », poursuit madame Jetté. « Dès qu’on explique ce qu’est une coopérative, les valeurs et le programme que nous mettons en place, les barrières tombent. Ils sont vite rassurés », renchérit Magalie Gagné.
Impacts sur les jeunes
Participer à un projet d’entreprise procure un bagage d’expériences significatives aux élèves. Les parents, comme les professeurs, remarquent des changements chez les participants. « Plusieurs parents nous disent qu’ils ont vu un changement positif chez leur enfant. Ils remarquent qu’il a développé une plus grande confiance en lui et que son sens de l’organisation se déploie de plus en plus.
Certains se sont même découvert des qualités de leader! Les jeunes utilisent leur agenda pour se structurer, ce qui démontre qu’ils prennent l’expérience au sérieux », raconte Sara Bellemare. « Nos interventions poussent les jeunes à découvrir et à développer leurs forces. Ils ne font pas uniquement un apprentissage de connaissances, mais de savoir-être », poursuit-elle.
Ces apprentissages restent, ils ne s’évaporent pas une fois le projet terminé. « Nous revoyons des jeunes dans le cadre d’autres projets. Certains viennent nous remercier, d’autres parlent ouvertement des valeurs coopératives et entrepreneuriales. Ils sont motivés, ils veulent continuer dans d’autres projets. Le goût de l’entrepreneuriat reste et ils sont fiers d’eux », précise Maude Jetté.
Les enseignants aussi y trouvent leur compte. « Les enseignants ont l’habitude de contrôler leur environnement en classe, c’est normal. Lorsqu’on met les élèves dans une situation de démarrage d’entreprise, les enseignants doivent favoriser la prise en charge du groupe par les élèves. Ils doivent apprendre à laisser les élèves prendre leurs propres décisions. Le rôle de l’enseignant devient donc davantage celui d’un intervenant et non d’un leader », a précisé Andrée-Anne Potvin.
Les intervenantes voient également un impact sur la lutte au décrochage scolaire. « Être dans l’action mobilise l’intérêt des jeunes. Ils voient quelque chose de concret, ça attise leur intérêt envers l’école, car ils font des liens avec la matière vue en classe. Par exemple, ils font le lien entre les mathématiques et la gestion de la petite caisse », continue-t-elle. « En définitive, les coopératives en milieu scolaire peuvent être un outil de raccrochage scolaire intéressant », lance Sara Bellemare.
En somme, les interventions de l’équipe de sensibilisation à l’entrepreneuriat jeunesse préparent le terrain pour les futurs entrepreneurs. « Nous ne développons pas seulement des qualités ou des aptitudes qui feront que les jeunes deviendront des entrepreneurs. Nous travaillons surtout sur les qualités qui les rendront entreprenants », continue Maude Jetté.
Si certains étudiants ont la fibre entrepreneuriale, ils la découvriront lors de leur expérience avec l’équipe. « Nous constatons que nous éveillons des curiosités, que des passions se réveillent au fil de nos interventions. Nous détruisons également certains mythes, dont celui qu’il est difficile de créer une entreprise », conclut Andrée-Anne Potvin.