< Retour à la liste des articles 15 octobre 2013

Un centre de développement coopératif au coeur du Montréal multiethnique

Nouvel espace coop – Le 7000, avenue du Parc

Félix Delage-Laurin

Depuis le mois de juillet dernier, le projet de fonder une Maison de la coopération à Montréal a pris un nouvel élan. En effet, la Coopérative de développement régional de Montréal–Laval (CDRML) est devenue propriétaire d’un vaste immeuble de 84 000 pieds carrés, sis au 7000, avenue du Parc, au sein d’un quartier en pleine effervescence, ciblé pour son potentiel de développement coopératif. L’histoire de ce projet en est une de persévérance, de leadership, qui ouvre la voie à l’établissement d’un nouveau modèle économique dans un quartier en plein centre de Montréal. Avec ce lieu au potentiel inouï, Pierre-Alain Cotnoir, président de la CDRML et Abderrahim Izirri, directeur général, veulent se servir de la force des réseaux coopératifs pour redynamiser un quartier.

Il faut que temps se passe

En 2007, la CDRML et la Fédération des coopératives d’habitation intermunicipale du Montréal métropolitain (mieux connu sous le nom de FECHIMM) partagent l’idée d’emménager ensemble dans des locaux plus centraux à Montréal.

En 2010, cette volonté commune se concrétise davantage lorsque, à l’initiative de la CDRML et du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), on crée la Table de concertation du développement coopératif et mutualiste de Montréal. Autour de la « table » se retrouvent la CDRML et le CQCM, les fédérations (la Coop fédérée, Desjardins, Coopsco, coopératives funéraires, etc.), les trois mutuelles (Promutuel, La Capitale, SSQ), ainsi que la Ville de Montréal et des représentants du Ministère des Affaires municipales, Régions et Occupation du territoire (MAMROT) et de la Direction du développement des coopératives du Ministère des Finances et de l’Économie (MFE). L’un des objectifs de la Table est évidemment de soutenir la promotion de la formule coopérative sur le territoire montréalais, mais la Table désire aussi trouver des moyens de rejoindre davantage les communautés culturelles. « Il ne faut pas oublier qu’à l’heure actuelle, les communautés culturelles forment 36 % de la population de la Ville de Montréal et que ce pourcentage augmente à chaque recensement. C’est un bassin important et il faut l’inclure au sein du mouvement coopératif », explique Pierre-Alain Cotnoir.

La Table avait aussi un autre objectif. « Nous voulions au départ faire de Montréal un Mondragon de la coopération. Une fois qu’on a confronté ce souhait à la réalité et aux particularités de Montréal, la Table a décidé d’identifier sur l’île les quelques secteurs ayant un potentiel de développement coopératif », explique Pierre-Alain Cotnoir.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est cotnoir-izirri.png.De Mondragon à… Parc-Extension

La Table avait des critères définis et multiples. « Pour être intéressant et pour que l’on identifie un Quartier de la coopération et de la mutualité à Montréal, il fallait que le quartier en question soit au centre de l’île, qu’il soit desservi par le transport en commun, qu’il connaisse déjà la présence de coopératives, qu’il y vive une diversité de communautés culturelles et qu’il y ait un potentiel de développement économique. C’est dans ce quartier que, par la suite, nous voulions bâtir notre Maison de la coopération », expose Abderrahim Izirri.

Le secteur délimité au nord par l’avenue Ogilvy et la rue Faillon, au sud par l’avenue Van Horne et le boulevard Rosemont, à l’ouest par le boulevard de l’Acadie et l’avenue Wiseman et à l’est par la rue St-Denis, était tout indiqué pour asseoir le nouveau Quartier de la coopération et de la mutualité à Montréal. Ce quartier comprend actuellement 18 coopératives, dont huit d’habitation, une Caisse Desjardins, mais aussi neuf autres coopératives de différents secteurs d’activités. De plus, le lieu est très bien desservi par le transport en commun, où convergent trois stations de métro, des lignes d’autobus et le train de banlieue. « Mais c’est aussi un lieu de jonction incroyable » d’ajouter les deux hommes. « Le cœur de ce quartier fait actuellement l’objet d’un plan de développement urbain, économique et social de la part de la Ville de Montréal, plan qui sera rendu public cet automne. De plus, le potentiel de développement est immense. Tout près, 13 000 nouvelles unités de logement seront créées sur le site de l’ancienne gare de triage d’Outremont. Aussi, l’Université de Montréal est en train de déménager plusieurs de ses facultés sur ce site. Dès l’automne, ce seront donc 5000 étudiants qui seront à proximité du 7000, avenue du Parc. C’est un quartier qui sera amené à se redéployer de façon très importante », explique Pierre-Alain Cotnoir, fier du coup de la CDRML.

Un formidable outil entre les mains

Le secteur étant identifié, il ne restait plus qu’à trouver le bâtiment. Abderrahim Izirri parcourt les rues avec son équipe et après quelques visites infructueuses, il déniche la perle rare en mai 2012. Il s’agit d’un bâtiment de quatre étages, construit en 1953 et sis au 7000, avenue du Parc. Lors de la visite, il constate que l’immeuble poursuit déjà une forte tradition de soutien aux coopératives et aux entre-prises d’économie sociale, avec près de 40 % de l’immeuble occupé par celles-ci.

Abderrahim Izirri a les yeux brillants. « Le 7000, avenue du Parc est un lieu d’opportunités d’entrepreneuriat collectif et d’intercoopération au sein d’un quartier qui vit un développement important. » L’équipe de la Coopérative de développement régional de Montréal–Laval désire que ce carrefour de la coopération devienne un « incubateur » de coopératives. Pour ce faire, la CDRML compte ofrir aux coopératives en démarrage des installations comprenant une foule de services allant du secrétariat aux salles de réunions, en passant par divers services de communications et ce, pour des frais très abordables. Ce « guichet unique d’entrepreneuriat collectif » comprendra aussi des services d’accompagnement pour mettre en branle les projets de coopératives, du référencement pour le financement, un partage de lieux pour la formation et la mise en place d’une complémentarité d’aaires entre les diérents locataires du 7000 avenue du Parc. Finalement, l’aspect éducatif n’est pas en reste puisqu’on cultive le projet de créer au sein même de la bâtisse une exposition permanente sur l’histoire de la coopération et de la mutualité.

« Le 7000, avenue du Parc, c’est un arbre. On vient d’acheter un bâtiment qui peut croître longtemps. On vient de se doter d’un outil qui va évoluer dans le temps au même titre que le système coopératif va se développer », conclut avec enthousiasme Pierre-Alain Cotnoir.

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