< Retour à la liste des articles 15 octobre 2011

Oser se laisser influencer

Charles-Mathieu Brunelle

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Brunelle.png.Je venais d’être embauché par le Cirque du Soleil, l’École nationale de cirque et En piste, le regroupement des arts du cirque, pour construire ce qui devait alors s’appeler la Cité des arts du cirque…

Une autoroute à gauche. Un site d’enfouissement des déchets à droite. Et tout autour de moi, ce qui était considéré comme l’un des quartiers les plus sensibles au Canada… Juché en haut de la terrasse des bureaux du Cirque du Soleil, je me demandais, en observant le paysage, comment nous allions bien pouvoir faire pour que cet endroit devienne ce qu’il se devait absolument d’être : un fleuron des arts du cirque.

C’est alors que j’ai pris conscience que je m’imposais des contraintes avant même d’avoir ne serait-ce qu’une petite idée de ce qu’allait être, au final, cette fameuse Cité des arts du cirque. J’ai donc décidé de m’ouvrir à ce qui m’entourait, de me laisser influencer par mon environnement. Comme le font ces artistes de cirque, nomades, toujours en quête d’équilibre. Et l’idée s’est imposée d’elle-même. Du chaos était née la Tohu! Concilier le cirque, la terre et l’humain est ce qui a fait le succès de la Tohu, ce qui a permis de la distinguer sur la scène internationale. Un bâtiment vert, des événements éthiques et environnementaux, des employés issus du quartier, des représentations gratuites pour les résidents et, bien sûr, le petit grain de folie circassien et des spectacles d’envergure internationale : le public se reconnaît dans cet endroit hybride, rempli de paradoxes qui se bousculent sans cesse les uns et les autres, mais qui cohabitent harmonieusement.

Depuis mon arrivée dans ces institutions scientifiques que sont le Jardin botanique, le Biodôme, l’Insectarium et le Planétarium, ce qui était pour moi une intuition est devenu une certitude. Comme tous les éléments du vivant, nous avons une véritable prédisposition à l’adaptation.

Charles Darwin l’a dit : « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements. » La nature est un système en équilibre dans lequel
nous évoluons et dans lequel nous sommes en constante interaction avec d’autres espèces. Selon moi, il est essentiel que chaque être humain puisse se réconcilier avec la nature et saisir ce que nous apprend ce modèle inspirant. C’est à cette tâche que s’emploient, à chaque instant, les centaines de passionnés qui travaillent dans nos institutions. C’est le sens de ce futur « Espace pour la vie » qui unira bientôt physiquement nos quatre musées déjà unis par leur mission commune. Un espace qui aura été imaginé par nos gens, mais aussi par notre voisinage et par les Montréalais. Un espace en constante évolution qui sera façonné et animé par nos visiteurs venus du monde entier. Un espace dont les ramifications ne cesseront de s’étendre.

Je suis profondément convaincu que la véritable innovation ne vient pas de nulle part. Elle est ancrée dans un milieu, dans une histoire. Elle est un mouvement, un acte de renouvellement. Innover, c’est se (re)connecter à ce qui nous entoure. C’est se mouvoir dans la toile complexe de relations qui animent notre univers. C’est rendre poreux tout ce qui ressemble à un carcan. C’est réconcilier des idées et des intérêts à première vue divergents, les transcender.

Nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir cultiver une nouvelle façon de vivre. Cette préoccupation sans cesse grandissante qu’ont les jeunes à l’égard de leur environnement, de leurs concitoyens et de ce qu’ils légueront aux générations futures laisse entrevoir un avenir enthousiasmant, où il fera bon vivre ensemble.

Charles-Mathieu Brunelle, membre fondateur et vice-président du conseil d’administration de la Tohu de 1999 à 2008, possède une large expertise en gestion des organismes et des entreprises culturelles. Directeur général des Muséums nature de Montréal (Biodôme, Insectarium, Jardin botanique, Planétarium) depuis août 2008, il s’est vu confier par la Ville de Montréal le mandat de donner une nouvelle impulsion à cette institution. Relève et innovation constituent des thèmes inspirants pour monsieur Brunelle.

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