Coopérative du Collège des Hauts-Sommets
Alexandre Couture
Alors que les coupes dans l’éducation se multiplient, les écoles doivent maintenant apprendre à faire plus avec moins. Dans ce contexte difficile, le Collège des Hauts-Sommets, la seule coopérative de travailleurs dans le milieu de l’enseignement au Québec, parvient à tirer son épingle du jeu.
Regard sur un établissement où la réussite des jeunes passe avant l’appât du gain
C’était en 2001, le séminaire Saint-Alphonse éprouvait de graves problèmes financiers et devait fermer ses portes. Pour sauver l’établissement d’enseignement, les employés se sont mobilisés et ont trouvé de nouveaux locaux. Dès l’automne, le collège était prêt à accueillir les élèves, et ce, sans interruption d’activités. «Nous avons eu la chance d’être appuyés par la municipalité qui nous a aidés avec tous les aléas du déménagement », se rappelle le directeur général, Marc Charbonneau.
Par contre, les difficultés financières étaient toujours au rendez-vous et un changement était de mise. « Pour donner un nouveau souffle au développement du collège, nous avons décidé d’investir de nos propres poches pour créer une coopérative», explique l’ancien professeur de mathématiques. Ainsi, les 13 membres fondateurs ont investi une somme de 10000$ en parts qualificatives, à raison de 3500$ en argent comptant et d’une balance en retenue salariale de 5%.
En juillet 2003, la coopérative du Collège des Hauts- Sommets voyait officiellement le jour.
Nouvelle structure, nouvelle dynamique
Les résultats n’ont pas tardé : le collège accepte de nouveau les classes de secondaire 4 et 5 (qui n’étaient plus offertes depuis le déménagement) et le nombre d‘étudiants double pour atteindre 140 élèves en 2015. « La coopérative a apporté une stabilité dans le personnel et nous a permis de nous concentrer sur les élèves », poursuit-il. L’établissement mixte est ouvert aux jeunes en difficultés d’apprentissage, une caractéristique assez rare dans le secteur privé.
En 2008, l’école a fait d’importants investissements pour offrir de nouvelles ressources aux jeunes. « Nous avons ajouté des spécialistes (orthopédagogue entre autres) pour aider nos étudiants à surmonter leurs difficultés, s’exclame-t-il. Nous pourrions avoir plus d’élèves inscrits, mais nous préférons garder une proximité et une éducation personnalisée ». L’établissement affiche un taux de décrochage impressionnant de 0%, une grande source de fierté pour les membres de la coopérative.
De plus, le Collège des Hauts-Sommets est la dernière école de tout l’est du Québec à offrir des résidences scolaires pour garçons et filles. « Les jeunes passent leur journée ensemble et ils peuvent s’entraider… cela crée un esprit de famille », ajoute M. Charbonneau.
C’est justement cet esprit coopératif qui est au cœur de la mission du collège. « Nous sommes une grande famille qui veut le bien de ses enfants », déclare-t-il fièrement. Chaque employé est membre à part entière de la coopérative, une façon de montrer son engagement.
La coopération comme argument de vente
Questionné à savoir si le fait d’être une coopérative était utilisé comme argument de vente pour attirer de nouveaux étudiants, Marc Charbonneau est catégorique. « C’est une grande fierté pour nous et nous n’hésitons pas en a parler dans toutes les visites et rencontres que nous organisons », dit-il.
Pour celui qui est présent depuis les tout premiers débuts, la formule coopérative n’est pas simplement une structure économique, c’est également une façon de penser différemment. « Nous sommes convaincus qu’une école doit s’adapter aux jeunes et non le contraire, soutient M. Charbonneau. Dans cette optique, le modèle coopératif est indispensable».
Récipiendaire de plusieurs prix d’entrepreneuriat, le Collègue des Hauts Sommets est une preuve de l’efficacité du modèle coopératif dans le milieu de l’enseignement. Au moment où plusieurs croient que nous assistons à une marchandisation de l’éducation, l’établissement veut prouver que la priorité numéro un est, et restera pour toujours, les étudiants.