< Retour à la liste des articles 15 octobre 2014

De Ville- Émard… au Québec tout entier

Coopérative Enfance Famille

Félix Delage-Laurin

Rassemblez une bonne dose de rêves, de pragmatisme, d’écoute, de travail d’équipe et vous aurez devant vos yeux l’histoire de la Coopérative Enfance Famille, un exemple sinon un modèle de réussite coopérative, aujourd’hui gestionnaire du nouveau guichet unique d’accès aux places en services de garde à contribution réduite du Québec.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est bureau.png.Même si Enfance Famille n’est devenue une coopérative de producteurs qu’en 2003, l’idée est née quelques années plus tôt, vers 1997-1998, à Ville-Émard, dans le sud-ouest de Montréal. À l’époque, les parents québécois font part d’un besoin de plus en plus pressant: celui de s’assurer d’une place pour leurs enfants dans les toutes nouvelles garderies à 5$ créées par le gouvernement péquiste du moment. «De plus en plus de parents venaient voir les services de garde pour s’assurer d’une place. Les directrices étaient devenues des gestionnaires de listes d’attente», explique Marie- Claude Sévigny, directrice générale d’Enfance Famille. « Au fil des années, les acteurs de la Table de concertation du Sud-Ouest et du CLSC du quartier ont eu l’idée de développer un outil pour mieux gérer ces listes. » Ainsi, de 2000 à 2003, les fondateurs centralisent la gestion des listes d’attente d’une quinzaine de services de garde de Ville-Émard. Rapidement, ce n’est pas suffisant. « En 2003, il fallait quelque chose de plus robuste. On a donc créé une coopérative pour gérer cela. Enfance Famille est une innovation unique au Québec, née d’un besoin pressant. » Le modèle coopératif fut choisi parce qu’il correspondait aux valeurs de base des CPE.

De 2003 à 2008, la croissance fut cependant modeste. « Les services de garde sont des milieux très familiaux où les solutions sont prises à l’interne et collectivement dans chaque service de garde. Ça a été difficile de convaincre les services de garde d’adopter le nouveau service. » En 2008, ce sont quand même 56 services de garde montréalais et un à Shawinigan qui font confiance à la Coopérative Enfance Famille.

La même année, deux autres modèles de gestion de listes d’attente voient le jour: monenfant.ca à Laval et BILA en Montérégie. Les premiers systèmes informatisés de gestion de listes d’attente sont alors créés au Québec. Voyant la tendance, le ministère de la Famille a décidé d’offrir la possibilité aux Regroupement régionaux de services de garde de devenir promoteur de leur propre guichet régional. En 2009, 13 guichets offraient donc des services d’inscription aux parents des régions du Québec. La Coopérative devient le promoteur officiel de Montréal, de la Mauricie et du Centre-du-Québec.

En septembre 2013, le gouvernement du Québec met enfin en application une promesse politique faite depuis plusieurs années. «Au lieu d’avoir des guichets régionaux, l’idée était d’unifier et de ne faire qu’un seul guichet à la grandeur du Québec.» Un des buts recherchés par cette unification est de pouvoir générer des statistiques utiles pour permettre au gouvernement de mieux cibler son développement de places au Québec. On recherche obligatoirement un organisme neutre, coopératif ou à but non lucratif (OBNL), démontrant la volonté d’une gouvernance représentative de toutes les régions. La Coopérative Enfance Famille dépose sa proposition étoffée dans un document de plus de 600 pages. Le 16 décembre 2013, on lui apprend qu’elle a été choisie pour devenir l’unique gestionnaire des listes d’attente. « Nous avons sauté de joie. C’est un élément de fierté énorme. Se dire qu’ensemble, par la collaboration, on est arrivé à des solutions et qu’on est passé de gestionnaire de quelques services de garde à gestionnaire à l’échelle du Québec… c’est incroyable », s’exclame fièrement Mme Sévigny.

Depuis janvier dernier, l’équipe d’Enfance Famille s’affaire donc à concevoir et à mettre en place l’outil central de gestion informatisée des listes d’attente pour l’ensemble du Québec. Intitulée « La Place 0-5 », la plateforme web du projet est en ligne depuis juin dernier. « D’ici le 31 décembre 2014, les dix guichets régionaux seront intégrés à La Place 0-5. D’ici la fin 2015, ce sont 2100 installations qui seront utilisateurs de La Place 0-5. Avec ce mandat, nous devons assurer la gestion des listes d’attente pour environ 318000 Québécois de 0 à 5 ans1 ». Un défi unique pour ce modèle coopératif innovant!

www.laplace0-5.com

  1. Donnée tirée de l’Institut de la statistique du Québec, 2009.

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