Alexandra Lopis
Après 31 ans d’existence, Carpet One poursuit sa forte croissance avec plus d’un millier de membres. Et c’est toujours avec conviction que Howard Brodsky, l’un des fondateurs de cette coopérative, s’efforce à faire rayonner le modèle coopératif en montrant ses avantages, pour les entreprises et les consommateurs.
Carpet One n’est ni une franchise ni une grande chaîne, et pourtant, cette coopérative est aujourd’hui au coude à coude avec les grandes entreprises de son domaine. Fondée en 1985 par Howard Brodsky et Alan Greenberg, Carpet One est la première coopérative créée par l’incubateur coop CCA Global Partners. Basée à Manchester (New Hamphire) et St-Louis (Missouri), elle se classe parmi les plus grands groupes de revêtements de sol au monde et principal détaillant en Amérique du Nord.
« Au moment de se lancer, nous avons étudié les différents modèles qui pouvaient nous correspondre. Le coopératif semblait être le meilleur car il offrait tout ce que nous voulions: travailler ensemble pour avoir plus de compétitivité tout en gardant une indépendance, et être forts mais pas uniquement en termes de pouvoir d’achat. Nous ne voulions pas qu’une seule personne en bénéficie, mais un business qui appartienne à tout le monde, raconte Howard Brodsky. Nous avons commencé avec 13 membres et aujourd’hui nous sommes plus de 1000 magasins présents aux Etats-Unis, en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande ».
Des entreprises locales au service d’un réseau commun et efficace
Carpet One est une coopérative de producteurs où tous les membres sont des magasins de détail. Ce sont des entreprises locales qui en ont rejoint d’autres pour apporter ensemble une alternative compétitive aux grandes surfaces. Ils sont égaux, autonomes et indépendants. En se regroupant, ils optimisent l’impact de leur propre commerce. Tous les magasins sont gérés par des employés qui vivent dans la région où ils sont situés. Ils comprennent les besoins et partagent les préoccupations de la communauté à laquelle ils appartiennent. En achetant dans un magasin membre de Carpet One, l’investissement du consommateur reste local et aide à créer des emplois.
Selon une étude de 2011, réalisée par l’Alliance Coopérative Internationale (ICA), pour chaque 100USD$ dépensés avec un groupe coopératif comme celui-là, près de 43$ seraient investis dans la communauté. Pour les mêmes 100USD$ dépensés dans une grande chaîne, seulement 13$ lui reviendrait.
Après 31 ans sur le marché, Carpet One continue de croître avec 1700 magasins et un pouvoir d’achat aux alentours de 3,2 milliards USD$. Pour Howard Brodsky la clé du succès n’est pas uniquement de proposer des produits de qualité qui ne sont pas vendus dans les grands commerces: « C’est réunir toutes les compétences d’un groupe pour apporter ensemble de l’efficacité et du professionnalisme. Après avoir eu les meilleurs produits, il faut des commerçants et des spécialistes pour les vendre, un magasin de qualité et se faire connaître avec une bonne campagne de publicité ».
La coopérative peut aujourd’hui se vanter de proposer des prix avantageux: « Nos coûts sont identiques à ceux des grandes surfaces parce que désormais nous sommes de la même taille! » Autre atout: son savoir-faire, son expertise et sa vision de la communauté, « nous avons un regard qui comprend la communauté beaucoup mieux qu’un manager pourrait le faire ».
Former les membres, informer les consommateurs
Howard Brodsky s’implique avec ferveur à faire rayonner le modèle coopératif. La sensibilisation des entreprises, des employés et des consommateurs est primordiale pour faire comprendre les avantages du modèle et le faire croître. Son engagement à développer la reconnaissance des coopératives s’est amplifié avec l’initiative Cooperatives for a Better World, lancée en 2015 en collaboration avec l’Alliance Coopérative Internationale (ICA). L’objectif est de rendre les coopératives plus nombreuses, plus connues, plus permanentes et d’assurer un avenir plus équitable et plus fort et ce, en misant sur l’éducation. L’initiative reconnaît les membres et les employés comme étant les premiers diffuseurs de ce message.
« Le public doit savoir ce que nous offrons: des prix compétitifs, un soutien à leur communauté et la possibilité de faire du monde un endroit meilleur. Ils doivent savoir qu’ils font eux aussi partie du mouvement. Selon nos études, 78% des consommateurs qui comprennent ce qu’est une coopérative seront amenés à être client à l’avenir ».
One a été l’une des premières à avoir déployé de nouveaux moyens pour l’éducation et la sensibilisation au modèle coopératif. Sur le terrain, cette initiative se matérialise par le biais de formations, de présentoirs, de brochures, d’affichage ou encore de signalisation.
L’offensive est aussi un moyen d’aider les autres coopératives en partageant les différentes manières de transmettre un message et de créer une identité commune. Ainsi, Cooperatives for a Better World a déjà gagné le soutien de nombreuses grandes coopératives aux Etats-Unis comme Ace Hardware, Cabot Creamery Cooperative ou encore The National Cooperative Bank.
Vers une autre forme de consommation
Pour le fondateur de Carpet One, l’économie du partage est actuellement à un tournant dans l’histoire, une nouvelle ère d’innovation et de durabilité qui ne peut se faire que grâce aux modèles des coopératives: « Il y a tellement d’inégalité et une forte demande pour les entreprises sociales, les gens s’intéressent de plus en plus à ce modèle. Nous sommes à un moment de notre histoire où le coopératif est le point de bascule au changement et peut faire une grosse différence, uniquement si nous le faisons ensemble ».